Ils sont 5 danseurs à animer le spectacle créé par le chorégraphe béninois Marcel Gbeffa en collaboration avec la plasticienne française Marcel Trouche. Entre gestuelle rituelle, transe et élan de solidarité, « Dide » apparaît ni plus ni moins comme un parcours initiatique.
Le spectacle s’ouvre sur une interaction. Des spectateurs sont priés de faire le tour de la scène, à plusieurs reprises, à pas feutrés. Les danseurs sortent ensuite l’un après l’autre pour former un groupe de quatre qui va jouer à se porter et se transporter selon un rituel précis. Avec une démarche symbolique des cérémonies royales ou initiatiques, ils font le tour de la scène pendant plusieurs minutes, pendant qu’au centre trône une figurine, un masque Gèlèdè sans doute.
Plus tard, ce masque, mû par une ficelle qui le rattachait au plafond de la scène, va susciter une espèce de danse autour de feu dans laquelle les danseurs font le geste d’esquiver le masque qui tournoie, ou de mimer une séquence de transe sous l’effet du pouvoir transissant dudit masque. La cosmogonie yorouba renseigne qu’il n’y a pas de transe dans le rituel gèlèdè que ce soit à Agonlin, à Kétou, à Massè ou chez les Holli ; de ce fait, il va de soi que les danseurs jouaient tout simplement le jeu exquis d’éviter de se faire cogner par le masque.
Au fil du spectacle, la scène s’éclaircit au fil du temps et un cinquième danseur surgit pour porter la figurine sur la tête et exécuter des pas toujours cérémonieux. Le spectacle prend alors une autre allure : la gestuelles se fait plus vive et plus célère, la scène atteint presque la totale luminosité.
Féminisme
Au-delà d’un spectacle, au-delà du jeu des acteurs, « Dide » est présenté comme un outil de promotion des droits humains, spécifiquement de la femme. Le nom « Dide » signifie en yoruba véhiculaire « Lève-toi » et, pour cette raison, le spectacle de Gbeffa et de Trouche est une invitation à se dresser pour dire non aux violations des droits de la femme et œuvrer à la promotion de l’égalité et de la parité. Dans le spectacle, divers indices le signalent.
C’est entre autres la figurine qui trône seule au centre de la scène au lever de rideau. Selon le rituel gèlèdè spécifique de différentes aires culturelles, il y a la figurine dénommée « Ya » ou « Iya » qui sort souvent seule, tout de blanc vêtue et dont la sortie est source de terreur car il est formellement recommandé d’éteindre toute source de lumière. La mise en scène a prévu un rideau de toile blanche au fond de la scène et les premières minutes du spectacle sont marquées par la présence au centre de la scène de cette figurine unique. De même, la scène est presque dans l’obscurité à son début.
Le mérite des créateurs de « Dide » est donc d’avoir su se servir de motifs significatifs du rituel gèlèdè pour créer un spectacle de dance dont la signification dépasse l’anecdote et les pas de danse.
« Dide » est le résultat de la rencontre d’un chorégraphe et d’une plasticienne. Les deux artistes d’horizons divers ont mutualisé leur imagination et leur talent pour réussir une collaboration à première vue peu évidente. Le spectacle a été déjà présenté sur plusieurs scènes en France et il est dans l’agenda d’une tournée dans les instituas français d’Afrique.