Malgré les efforts fournis par l’Etat et la société civile, notre pays continue de vivre la crise de l’eau dans plusieurs localités. Le manque de financements et les aléas climatiques jouent beaucoup contre l’ODD 6 : « accès universel à l’eau et à l’assainissement ». Mais, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau 2021 avec pour thème : « la place de l’eau dans nos sociétés et comment la protéger », il y a lieu d’interpeller la société civile et l’Etat pour l’intensification des actions en faveur des communautés surtout les plus démunies.
La journée mondiale de l’eau est une journée de sensibilisation à une gestion durable des ressources en eau. Instituée par l’Organisation des Nations unies (Onu) depuis 1992, elle est célébrée le 22 mars de chaque année. « Le thème de cette année nous amène à réfléchir sur la disponibilité de la ressource en eau, son importance dans nos sociétés et sa gestion de manière efficiente et efficace afin qu’elle ne s’épuise pas », nous a confiée Fleur Sanwogou, fraîchement élue présidente du Parlement national de la jeunesse pour l’eau (PNJE).
L’eau est utilisée pour nos besoins vitaux, pour l’agriculture, dans l’industrie, etc. L’eau est tout simplement importante pour la vie quotidienne. Malheureusement, les dommages environnementaux associés aux changements climatiques sont à l’origine des crises de l’eau que l’on observe partout dans le monde. Cela rend difficile la fourniture adéquate de l’eau à tout le monde. Il faut donc penser à des solutions vertes pour préserver cet or bleu. Dans notre pays, tant l’Etat que la société civile, mènent des actions.
Une société civile plurielle au service de l’eau et de l’assainissement
« Au Togo, vu le caractère transversal de l’eau, je peux dire que la société civile est vraiment engagée. Même si les domaines d’interventions de certaines organisations ne sont pas directement liés à l’eau, elles arrivent quand même de façon sporadique à agir pour l’accès à l’eau potable », reconnait Amedzenu Yawo Nutefe, président de l’association Cercle pour l’eau, l’hygiène et l’assainissement (CEHA). Parmi cette multitude d’organisations on peut citer Wash Volunteers, le PNJE, des réseaux tant nationaux qu’internationaux comme Eau vive, Eau et assainissement pour l’Afrique (EAA), qui mènent régulièrement des actions de plaidoyer, de renforcement de capacité…
Mais comme le croit Fleur Sanwogou, « seul, on va plus vite, ensemble on va loin ». La société civile a donc mis en place le Conseil de concertation de l’eau et de l’assainissement de base au Togo (CCEABT). Ce cadre de la société civile travaille de concert avec le ministère de tutelle et les Partenaires techniques et financiers (PTF) pour l’amélioration du secteur. Afin d’appuyer toutes les actions entreprises, et surtout de sensibiliser les populations, des journalistes se sont joints récemment à la société civile. C’est à travers la création de Wash and environmental media alliance (WEMA) (Media pour l’eau, l’hygiène, l’assainissement et l’environnement).
« Pour plus d’impact dans l’avenir, je pense que les ONG et associations qui interviennent dans le wash doivent se mettre en réseau très dynamique où les membres doivent être renforcés aux nouvelles donnes du domaine. C’est un domaine vraiment passionnant mais très complexe. Les choses évoluent de jour en jour et les organisations doivent s’activer pour être plus efficaces sur le terrain. Particulièrement pour CEHA, nous sommes en réflexion pour associer plus les TICs à nos actions pour toucher plus de personnes », préconise le président de CEHA.
L’Etat togolais au chevet des communautés à la base
Durant des années, l’accès à l’eau potable était un véritable parcours du combattant surtout pour les populations des zones rurales. Mais, des avancées notables sont enregistrées au point qu’au Togo, le taux d’accès à l’eau potable au niveau national avoisinait les 70% en 2019. Le gouvernement veut continuer par renforcer l’accès des populations à l’eau. Avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD), le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé a lancé le vendredi 26 février 2021, la phase 2 du Projet d’amélioration des conditions sanitaires en milieu scolaire et rural des régions de la Kara et des Savanes (PASSCO).
D’un coût global de 6,58 milliards de FCFA, le projet contribuera à l’atteinte des objectifs de la feuille de route du gouvernement en faisant passer le taux de couverture à l’eau potable en milieu rural de 77% à 85% dans la région de la Kara et de 67% à 72% dans les Savanes. Il s’agit de la réalisation de 400 nouveaux forages dans les deux régions soit 200 par région, la réhabilitation de 200 anciens forages à raison de 100 par région et la construction de 200 latrines modernes de type ECOSAN, soit 100 latrines par région. Ce qui fera au total, plus de 1000 forages avec le PASSCO 1.
L’importance de l’eau encore prouvée dans un contexte de Covid-19
L’un des gestes barrières le plus efficace contre le coronavirus, est le lavage régulier des mains à l’eau potable et au savon. C’est ainsi qu’avec l’avènement de la Covid-19, le problème d’accès à l’eau partout, s’est posé avec acuité. « Vous pensez qu’une société qui ne dispose pas de cette ressource qu’est l’eau pourrait faire face à cette pandémie ?», questionne monsieur Amedzenu. Cette crise est donc venue rappeler la place primordiale de l’eau dans nos sociétés. Toutes les organisations doivent se saisir de ce thème pour faire comprendre et faire prendre conscience aux décideurs de l’importance de l’eau.
Protéger l’eau : une responsabilité commune
Plus la nappe est sollicitée plus nous risquons de nous retrouver sans eau de qualité car épuisée ou très polluée pour la consommation. Une chose est d’avoir de l’eau mais l’autre est d’avoir une eau de qualité (une eau claire n’est pas forcement de bonne qualité). Nos compatriotes doivent aussi comprendre que leurs actions quotidiennes peuvent avoir un impact très néfaste sur l’eau. La défécation à l’air libre, le rejet de nos eaux usées, des matières chimiques non contrôlées dans les lacs, lagunes, dans les rues, l’utilisation des pesticides non homologuées qui abondent dans nos marchés sont toutes des activités humaines qui polluent les eaux de surface et souterraine. « Alors, pour protéger l’eau il va falloir que nous soyons plus responsables. Nous devons comprendre que si nous continuons à agir de la sorte nous serons les premières victimes dans un avenir proche », conseille Amedzenu Yawo Nutefe.
Lire aussi: Gratuité des soins pour femmes enceintes: c’est désormais effectif