Le professeur Bruno Lina, chercheur au Centre international de recherche en infectiologie de l’université Claude-Bernard-Lyon-1 et Éric Delaporte, professeur de maladies infectieuses, directeur de l’unité « VIH-Sida et maladies associées » à l’Institut de recherche pour le développement (IDR), à l’Inserm et à l’université de Montpellier étaient tous les deux mercredi 08 avril les invités de l’émission Priorité santé, en direct sur RFI.
Pour le professeur, il y a de très nombreux essais cliniques en cours en France et à l’étranger. « Uniquement en Chine, dans les deux premiers mois, 92 essais cliniques ont été réalisés. On voit qu’il y a un effort considérable qui est fait pour essayer de comprendre la maladie et de trouver des traitements pouvant réduire les symptômes et, bien évidemment, la mortalité de ce virus. En ce qui concerne Discovery, l’essai a commencé il y a bientôt trois semaines. C’est vraiment un essai qui fonctionne très bien, puisque nous avons pratiquement 600 inclusions, ce qui est extrêmement rapide pour ce type d’essai clinique ». Concernant les résultats de ces tests, c’est probablement d’ici une dizaine de jours, qu’on pourra en juger et voir ce qui se dessine selon le Professeur Bruno Lina.
Quand les cytokines (protéines de l’inflammation présentes pour défendre le corps humain) sont produites en trop grande quantité et qu’il y a un contrôle qui ne se fait plus, cela devient agressif pour notre organisme. Ils essaient donc de moduler cette réponse de façon à ce que les cytokines gardent cette activité pour lutter contre le virus mais qu’elles perdent cette dangerosité vis-à-vis de L’organisme. Et d’après le Professeur, il y a des premiers résultats qui devraient sortir dans deux ou trois jours sur des anti-interleukines pour les formes graves qui pourraient être intéressants. L’autre chose, c’est la recherche spécifique pour trouver ces immunoglobulines, les identifier et être ensuite en capacité de les synthétiser pour pouvoir faire de l’immunothérapie vraie avec des anticorps monoclonaux. Le champ de recherche est extrêmement riche.
Et en Afrique ?
Du côté de l’Afrique, c’est le professeur Delaporte, qui s’est prononcé car ce dernier travaille sur les cas de l’Afrique et des pays du Sud en général. Pour ce dernier, il n’y a pas vraiment de pistes spécifiques à l’Afrique. Le virus est universel et la lutte l’est également. Tout ce qui est recherche de l’Asie et du Nord est au bénéfice également du Sud. En revanche, il va y avoir des spécificités sans doute au niveau de la prise en charge et parfois de l’approche. Il y a des recherches très importantes sur la piste virale. Cependant, c’est une maladie virale mais également immunitaire. Il va donc y avoir des recherches pour contrôler la réponse immune désordonnée qui crée des lésions au niveau du poumon. « Il y a des choses très intéressantes qui peuvent être directement mises en application au Sud. Par exemple, il y a une étude récente qui montre que l’utilisation des corticoïdes dans les formes très graves, pourrait diminuer la mortalité. Il y a également des recherches autour de la prise en charge qui peuvent être directement adaptées aux contextes du Sud » a ajouté le professeur Delaporte.
Pour l’heure, le monde entier croise les gens et espère au remède miracle pouvant sauver le monde de cette pandémie.