Le virus corona continue, au grand désarroi des populations, de sévir. Affaires, relations interpersonnelles, activités sportives et économiques, déplacements, tourisme etc. sont en stand-by. Les médias, censés former et informer le monde de l’évolution de la pandémie, des mesures-barrières à ne pas transgresser, sont fâcheusement les plus entamés. C’est ce que soutient Isabelle Dana Bilal, chargée des relations publiques à Medi1TV Afrique. Analysés de près, ses arguments ont le mérite d’être clairs et paraissent rationnels.
« Un décryptage de la presse internationale le confirme, les médias dans le monde entier sont touchés de plein fouet par le covid-19 : chute libre des commandes publicitaires, annulation de campagnes de communication etc. Ainsi, le monde des médias vit plus que jamais un bouleversement et un tournant de son histoire, entre crises et opportunités » affirme-t-elle sur financialafrik.com.
La presse papier a du plomb dans l’aile
Le 27 mars 2020, le journal Le Monde a titré : « La presse écrite navigue à vue ». En France, la quarantaine a engendré une baisse, en ce qui concerne les ventes de quotidiens en kiosque, de « 24% le lundi 16 et de 31% le mardi 17 mars ». Le Parisien annonçait de son côté « des mesures de chômage partiel pour une partie de ses employés, notamment ses rédacteurs des rubriques sport et culture » Au Royaume-Uni, The Guardian a informé que City AM allait suspendre son édition papier. « Le Soleil de la ville de Québec a licencié 31 employés et suspendu l’impression de son journal, En Australie, 60 titres vont suspendre l’impression de leurs journaux. Au Maroc, l’on annonce la suspension des supports papiers qui risque de mettre à l’arrêt des centaines d’employés ».
La presse en ligne en fait ses choux gras
Pendant que la presse papier dégringole et suffoque, la presse en ligne gagne, encore, du terrain : « Face à la chute des commandes publicitaires, les directeurs de publication de journaux appellent leurs lecteurs à s’abonner en ligne pour soutenir ce secteur vital qui traverse aujourd’hui une crise sans précédent ». « Moins de ventes, moins de pub : les médias d’info à la conquête des abonnés numériques » titrait Le Journal du Net en début de semaine.
La télé, l’autre chouchou en ce temps de crise
« Au Royaume-Uni, la BBC a annoncé le 16 mars une augmentation de 10% d’audience d’une semaine à l’autre. En Inde, on apprend que les audiences TV ont augmenté de 8% la première semaine de confinement. En France, Médiamétrie a révélé, lundi 30 mars, que les chaînes d’information en continu BFMTV et LCI réalisent en mars 2020 le meilleur mois de leur histoire » S’agissant des sources d’information, les journaux télévisés sont considérés comme « la source la plus fiable pour fournir des informations sur le coronavirus ». Preuve par neuf, la télévision traditionnelle est bien de ‘’retour’’.
Les médias traditionnels ne peuvent pas disparaître
Isabelle Dana Bilal cite Le Figaro qui pense que « la crise actuelle représente une opportunité, celle de refonder la confiance des gens dans les médias ». Quant au quotidien La Libre Belgique, « cette crise sanitaire nous rappelle “l’absolue nécessité” des médias traditionnels qui ont permis de relayer les messages des experts de santé au public belge, alors qu’ils auraient été noyés dans le flot des “fake news” qui abondent les réseaux sociaux ». Mieux, selon une étude conjointement menée par Axios et Ipsos en mi-mars, « pour s’informer sur le virus, la moitié des Américains redoutent les informations et les conseils de santé qui circulent sur les réseaux sociaux et font davantage confiance aux médias traditionnels ».
Voilà qui légitime derechef le rôle névralgique des médias au cœur même d’une société, et plus encore, l’importance des médias classiques qui résistent-malgré l’apparition de nouveaux canaux de communication-au temps et bénéficient de la préférence, sans condition aucune, de l’opinion publique. Faut-il toujours vivre avec son temps ?