Une porte se ferme à Ouagadougou, une autre s’entrouvre à Lomé. L’ambassade des États-Unis à Ouagadougou annonce la suspension temporaire de ses services réguliers de délivrance de visas, et les transfert à Lomé. Face à la situation, le gouvernement burkinabé dénonce une décision qu’il qualifie d’injuste.
« L’ambassade des États-Unis à Ouagadougou suspend temporairement ses services réguliers de délivrance de visas », a déclaré jeudi la représentation américaine. Une décision effective dès le 10 octobre 2025, qui touche « la grande majorité des catégories de visas — immigrants comme non-immigrants ».
Si les services consulaires d’urgence restent opérationnels, le traitement des demandes sera désormais transféré à Lomé, au Togo. Les autorités américaines expliquent que « les demandes émanant du Burkina Faso seront instruites par la section consulaire de l’ambassade des États-Unis à Lomé ». Une réorganisation qualifiée de « pratique administrative courante » par Washington, mais qui ne convainc guère à Ouagadougou.
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Car la réaction du gouvernement burkinabè ne s’est pas fait attendre. Le ministre des Affaires étrangères, Karamoko Jean Marie Traoré, dénonce une mesure « injuste, politiquement orientée et contraire aux principes de respect mutuel entre États ». Selon lui, cette suspension ne relève pas d’une simple réorganisation, mais d’un « chantage diplomatique ».

Washington évoque de son côté un « non-respect des règles liées aux visas touristiques et étudiants ». Ouagadougou, lui, voit plutôt une rétorsion après son refus « d’accueillir des migrants expulsés des États-Unis ». Une proposition jugée « indécente et contraire à la dignité nationale », selon les autorités du Burkina.
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Dans un ton empreint de fermeté, le Burkina rappelle qu’il « est une terre d’accueil choisie, non un territoire de déportation ». Il annonce des mesures de réciprocité, tout en réaffirmant « son attachement à l’amitié entre les peuples ».
Entre diplomatie et fierté nationale, l’affaire dépasse les formalités consulaires. Elle révèle un tiraillement plus profond : celui entre souveraineté assumée et réalités d’un monde où les visas deviennent parfois des armes politiques.