Le 18 février dernier, Clément Ubima Kagbara a prêté serment pour intégrer la Commission électorale nationale indépendante (Céni), suite à la démission supposée de Yéwanou Kossi Azondjagni. Mais au-delà de ce moment d’apparente sérénité, quelques jours après, c’est un vent de controverse qui souffle sur la procédure conduisant à l’arrivée de Kagbara.
La cérémonie de prestation de serment s’est déroulée en présence du président de la Cour constitutionnelle, Pr Djobo-Babakane Coulibaley. En effet, un jour après cette prestation de serment, Yéwanou Kossi Azondjagni, l’ex-membre remplacé, a adressé une lettre à la Cour constitutionnelle, exprimant sa stupeur. Il dénonce la falsification de sa signature et affirme n’avoir jamais démissionné.
« Je viens très respectueusement par la présente vous exprimer ma grande surprise et dénoncer avec la dernière rigueur la prestation de serment de Clément Kagbara », écrit-il dans son courrier. Selon Yéwanou Kossi Azondjagni, la lettre de démission, qui aurait justifié son remplacement, serait un faux : « Cette fameuse lettre de démission déposée en mon nom ne porte pas ma signature. C’est une fausse lettre et donc cet acte est qualifiable de faux et usage de faux. »
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L’affaire prend une tournure encore plus complexe lorsqu’on découvre que, selon le plaignant, la décision de sa démission lui aurait été communiquée via les médias. Cette situation contredit les exigences de l’article 14 du code électoral, qui prévoit une procédure précise en cas de démission ou d’empêchement d’un membre de la Céni. Pour l’heure, une question persiste. Qui, de Clément Kagbara ou de Yéwanou Kossi Azondjagni, détient véritablement la légitimité d’assumer ce poste clé à la Céni ?
Choisi en 2022 pour représenter le Parti démocratique panafricain (PDP) à la Céni, Yéwanou Kossi Azondjagni entretenait une relation proche avec le président du parti, Innocent Kagbara. C’est ce dernier qui l’avait désigné pour ce poste, après une brouille avec un autre membre du PDP. Aujourd’hui, les liens familiaux entre les Kagbara, bien que solides, sont au centre de la polémique.
Ce serment de Clément Ubima Kagbara à la Céni, pourrait bien marquer le début d’une bataille juridique et politique qui pourrait redéfinir l’équilibre au sein de cette institution essentielle au bon déroulement des élections au Togo. En outre, il remet en question le sérieux, la discipline et la bonne foi de ce parti de l’opposition. Place désormais à la justice de trancher cette affaire.