« Redonner signifie rendre justice », a déclaré la lauréate Mati Diop, sacrée pour son documentaire sur les œuvres d’art africain volées par les colonisateurs.
Le documentaire « Dahomey » de la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop sur le retour d’œuvres d’art volées en Afrique a remporté l’Ours d’Or, le premier prix du meilleur film du festival de Berlin, a annoncé le jury. Il s’agit du deuxième film africain à recevoir l’Ours d’or après le film sud-africain « U-Carmen e-Khayelitsha » de Mark Dornford-May en 2005, un film en sesotho, l’une des onze langues officielles d’Afrique du Sud.
Dans son film, Mati Diop, 41 ans, accompagne 26 statues dans leur voyage de France vers leur pays d’origine, le Bénin. Les œuvres d’art restituées ont été volées au Dahomey, l’actuel Bénin, en 1892. Au total, environ 7000 pièces ont été volées et se trouvent toujours en France. La beauté du documentaire réside, entre autres, dans l’une des statues restituées à laquelle Diop a conféré un statut de personnage qui « s’exprime » à la première personne, en voix off, pour raconter le retour au pays. « Redonner signifie rendre justice », a déclaré Diop en recevant le prix.
Le réalisateur allemand Matthias Glasner a reçu un ours d’argent pour le meilleur scénario de « Sterben » (Dying), le seul prix de la compétition pour l’Allemagne. Dans le film, Glasner traite des relations complexes avec sa famille. Au départ, Glasner craignait que son film ne soit trop personnel. Mais il a touché de nombreuses personnes. « Cela valait la peine de savoir que lorsque vous vous ouvrez autant, les autres s’ouvrent aussi », a déclaré l’homme de 59 ans après la cérémonie de remise des prix.
Pour cette 74e édition de la Berlinale, le Grand Prix du jury est allé à la Corée du Sud. Le jury a honoré « A Traveler’s Needs » du réalisateur Hong Sangsoo avec Isabelle Huppert dans le rôle principal. L’acteur américano-roumain Sebastian Stan a été nommé meilleur acteur pour sa performance dans la tragicomédie « A Different Man ». L’actrice britannique Emily Watson a remporté le meilleur second rôle dans le film « Small Things Like These », du Belge Tim Mielants. Le drame belgo-irlandais, avec la star d’Oppenheimer Cillian Murphy, a ouvert la Berlinale de cette année. Watson joue la directrice bigote d’un monastère catholique. Elle est montée sur scène avec une béquille pour recevoir son prix.
Le Français Bruno Dumont a reçu le prix du jury pour son film de science-fiction « L’Empire ». « Pepe », quant à lui, un film du réalisateur dominicain Nelson Carlos de los Santos Arias, ayant pour protagoniste un hippopotame, s’est vu décerné un Ours d’argent pour la meilleure réalisation. L’Autrichien Martin Gschlacht, directeur de photo, a été honoré pour un apport artistique exceptionnel. Il a reçu le prix de la contribution artistique pour son travail sur le drame historique morbide « The Devil’s Bath ».
La Berlinale de cette année a été particulièrement marquée par des débats politiques – y compris lors de la cérémonie de remise des prix. Le cinéaste palestinien Basel Adra a appelé l’Allemagne sur scène à cesser de fournir des armes à Israël. Adra a réalisé le documentaire « No Other Land » avec un collectif israélo-palestinien et a remporté le prix du film documentaire. Le collectif avait déjà appelé à un cessez-le-feu à Gaza lors de la première du film à la Berlinale. Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor signent un premier documentaire émouvant et intime sur l’expulsion des Palestiniens de leurs villages ancestraux en Cisjordanie. Plusieurs personnes sur scène portaient sur le revers de la veste ou dans le dos le slogan « Cessez-le-feu maintenant ».
Le Festival international du film de Berlin, fondé en 1951, est avec Cannes et Venise l’un des plus grands festivals de cinéma au monde. En 2023, le documentaire « Sur l’Adamant » de Nicolas Philibert a remporté l’Ours d’or.
dpa
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