Le bien-être des ménages togolais, qu’ils vivent en ville ou à la campagne, dépend souvent de leur capacité à s’adapter face aux difficultés économiques ou aux catastrophes naturelles. Selon une récente étude menée par des chercheurs togolais, Afi Florence Akakpo, Koffi Sodokin et Mawuli Kodjovi Couchoro, tous chercheurs au Centre de Recherche en Économie Appliquée et Management des Organisations (CREAMO) à l’Université de Lomé, et publiée le 04 octobre 2024 dans la revue « Journal of International Development » (© John Wiley & Sons Ltd, Online ISSN : 1099-1328, Print ISSN: 0954-1748 https://onlinelibrary.wiley.com/journal/10991328), le capital social, c’est-à-dire l’ensemble des réseaux de confiance et de soutien entre les individus, joue un rôle crucial pour aider les familles à surmonter ces défis.
Le Journal of International Development, classée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France comme faisant parti des revues scientifiques les plus crédibles et conseillées et également l’une des revues les plus lues au monde en matière de développement international, s’efforce de diffuser les meilleures recherches dans ce domaine auprès des praticiens, des décideurs politiques et des chercheurs académiques. Engagée à publier des recherches ayant une pertinence pratique et des implications concrètes, la revue accueille des contributions scientifiques de haute qualité sur les idées et pratiques qui influencent la politique de développement, l’économie du développement et le développement international, avec une attention particulière aux recherches portant sur le Sud global.
Grâce aux données collectées lors d’une grande enquête nationale en 2017, les chercheurs ont découvert que les ménages ayant accès à des réseaux sociaux solides sont plus résilients face aux crises, comme les inondations, les sécheresses. En effet, ces liens sociaux permettent un meilleur partage des ressources, une aide mutuelle, et facilitent l’accès à des informations essentielles pour faire face aux aléas.
Les graphiques issus de la régression polynomiale (degré 3) montrent l’impact du capital social sur la résilience et le bien-être, en prenant en compte le sexe et le milieu de résidence (rural ou urbain). Il apparaît que l’accès au capital social est positivement corrélé à des niveaux plus élevés de résilience (ligne bleue), surtout en milieu rural. De même, le bien-être (ligne rouge) est également influencé positivement par le capital social, avec une probabilité accrue de bonheur chez les personnes bénéficiant de réseaux sociaux solides, particulièrement chez les femmes et dans les zones rurales.
En simple, l’étude montre que les effets du capital social diffèrent selon que l’on soit un homme ou une femme, et selon l’endroit où l’on vit. Par exemple, dans les zones rurales, les hommes semblent bénéficier davantage de ces réseaux sociaux que les femmes. À l’inverse, en milieu urbain, ce sont souvent les femmes qui tirent profit de ces connexions pour améliorer leur bien-être et celui de leurs familles.
Les chercheurs insistent sur l’importance pour les pouvoirs publics de promouvoir des politiques favorisant l’engagement civique, notamment en renforçant les associations locales et en incitant à la solidarité entre les citoyens. Cela pourrait aider à mieux préparer les communautés aux chocs futurs, qu’ils soient économiques ou climatiques. Cette étude, intitulée “Social capital, gender‐based resilience, and well‐being among urban and rural households in Togo“, met en lumière l’importance de renforcer les liens sociaux, non seulement pour améliorer le quotidien des ménages, mais aussi pour les aider à faire face aux imprévus. Que ce soit en ville ou à la campagne, les communautés unies sont mieux armées pour affronter l’avenir. En conséquence, ces observations suggèrent plusieurs implications pour les politiques publiques. Tout d’abord, renforcer les réseaux communautaires peut avoir un effet direct sur la résilience et le bien-être, en particulier pour les populations rurales qui dépendent fortement du capital social. Ensuite, cibler les femmes et les zones rurales par des politiques favorisant leur participation à des initiatives communautaires pourrait accroître leur bien-être. De plus, il est crucial de réduire les inégalités d’accès au capital social, notamment en supprimant les barrières à l’accès aux réseaux sociaux, que ce soit par la technologie ou des initiatives locales. Enfin, investir dans des infrastructures sociales qui facilitent les interactions, comme les centres communautaires, pourrait améliorer la cohésion sociale et renforcer la résilience.
Par : Florence Akakpo, Koffi Sodokin, Mawuli Couchoro, Chercheurs au Centre de Recherche en Économie Appliquée et Management des Organisations (CREAMO)
Référence :
Akakpo, A.F., Sodokin, K., Couchoro, M.K. (2024). Social capital, gender‐based resilience, and well‐being among urban and rural households in Togo. Journal of International Development, 1-49. DOI : 10.1002/jid.3958 © John Wiley & Sons Ltd, Online ISSN: 1099-1328, Print ISSN: 0954-1748 https://onlinelibrary.wiley.com/journal/10991328
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