Au Bénin, pays francophone d’Afrique de l’ouest, Artur Edikou et ses camarades de « Multi services agricoles », en collaboration avec l’ONG Mondes actions durables, recyclent des déchets essentiellement issus de la biomasse pour fabriquer du charbon écologique. Cette pratique permet de lutter contre la déforestation et donc contre les changements climatiques.
Au Bénin et plus spécialement au marché central de Dantôkpa (plus grand marché d’Afrique de l’Ouest), les commerçants ont pour habitude d’abandonner en plein air, tout type de déchets organiques. Une véritable mine d’or pour la jeunesse béninoise qui peut en faire une nouvelle source d’énergie.
En effet, l’ensemble de ces déchets organiques biodégradables est souvent composé d’épluchures de plantain, de peaux de banane, de feuilles de maïs, de rebus de cannes à sucre, de déchets de palmiers à huile, ainsi que de rebus agricoles.
« Au regard des nombreuses difficultés rencontrées par l’Etat béninois dans la gestion de ces déchets et en considération de la coupe anarchique des arbres ainsi que des palétuviers pour la fabrication du charbon et la production du sel dans les zones comme Djègbadji dans la commune de Ouidah, l’idée de fabrication d’un charbon purement écologique a donc pris naissance », nous apprend Arthur Edikou, l’un des promoteurs de cette technologie verte.
« La particularité de ce charbon est qu’il est fabriqué à base d’ordures biodégradables et donc 100% environnemental et presque sans effets sur la nature. Il apparaît donc comme une alternative durable non seulement face à la coupe anarchique des arbres et des palétuviers, mais aussi et surtout contre la pollution et le réchauffement climatique », a ajouté Arthur Edikou.
Pour fabriquer le charbon écologique, l’on commence par la collecte des déchets. Les déchets sont séchés pendant environ six heures pour les déchets légers et 2 jours pour les déchets lourds. Comme séchoir, il faut disposer d’un four solaire de 2 mètres de hauteur et d’environ 50 cm de largeur avec un angle de variation de 30°, et une chambre de séchage de 4m2 séparée en sept compartiments.
Après cette phase, survient celle dite de la carbonisation. Celle-ci consiste à mettre les déchets séchés dans des fûts surmontés de cheminés, et de les brûler jusqu’à ce qu’ils se transforment en poudre noire. Cette opération dure 30 minutes pour les déchets légers et une heure trente minutes environ pour les déchets lourds.
La poudre noire issue de la carbonisation des déchets est ensuite mélangée à de l’eau à laquelle l’on ajoute du Kaolin (argile blanche à la base de la fabrication de la porcelaine, utilisée dans l’industrie du papier, la médecine et de la cosmétique), puis, le mélange passe dans le compacteur. Le produit est ensuite séché pendant environ trois jours et prêt à l’utilisation.
Cet article est rédigé en collaboration avec l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques rendue possible grâce au soutien financier du gouvernement du Québec
Lire aussi : Reboisement intensif au Togo : le gouvernement dévoile ses stratégies pour reverdir le pays