Assainissement urbain : Lomé teste une nouvelle approche contre la défécation à l’air libre

À Lomé, la bataille contre l’insalubrité franchit un nouveau cap. Dans plusieurs quartiers de la capitale togolaise, la défécation à l’air libre demeure un problème récurrent, mettant en péril la santé publique. Pour y faire face, les autorités ont décidé de tester une nouvelle stratégie d’assainissement urbain, en misant sur des actions concrètes et ciblées dans les zones les plus vulnérables.

Malgré les efforts déployés ces dernières années, de nombreux quartiers de Lomé sont encore confrontés à ce fléau. En cause, un manque criant d’infrastructures sanitaires publiques adaptées, notamment dans les zones à forte densité. Les conséquences sont bien connues : prolifération des maladies diarrhéiques, pollution de l’environnement, pression sur les systèmes de santé. Ce phénomène devient ainsi un enjeu de santé publique, mais aussi de dignité humaine et de gestion urbaine.

Un projet pilote pour des solutions concrètes

Pour apporter une réponse structurelle, l’Agence nationale d’assainissement et de salubrité publique (Anasap) a lancé un projet d’envergure pour améliorer l’accès à des toilettes publiques dans les communes de Golfe 1, 2, 4 et 6. Doté d’un budget de plus de 309 millions FCFA, ce programme financé par le Programme d’investissement pour la résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest (Waca-Regip) s’étendra sur deux ans. Il prévoit la construction de blocs sanitaires dans des lieux stratégiques comme les établissements scolaires, les marchés et les plages ; la mise en place de dispositifs de collecte et de traitement des excréta à l’échelle de proximité ; ainsi qu’une campagne de sensibilisation pour encourager les bonnes pratiques d’hygiène et l’utilisation effective des infrastructures installées.

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Des sites ciblés, une approche territorialisée

Les interventions seront menées dans les zones jugées les plus vulnérables, à la suite d’une étude de base conduite par Waca Togo. À Golfe 1, les sites concernés sont l’école primaire publique Clubatem, le marché d’Adakpamé et la plage de Lomé. À Golfe 2, les actions viseront les écoles Ougourdi et Ediranawe 2. Golfe 4 bénéficiera d’aménagements au marché d’Anoukope, sur la plage en face du Grand Marché d’Adidogomé, ainsi qu’un troisième site en cours de validation. Enfin, à Golfe 6, les marchés d’Ivégo et d’Ogouané sont ciblés. Ces localisations ont été choisies pour leur fort enjeu démographique et sanitaire.

Une vision plus large que les sanitaires

Pour Gnakoudé Bérena, directeur général de l’Anasap, la défécation à l’air libre reflète un manque de planification urbaine et d’accès aux services de base. Le projet va donc au-delà des seules infrastructures : il s’inscrit dans une logique de résilience urbaine, avec pour ambition de renforcer la capacité des communes à répondre aux défis sanitaires et environnementaux actuels. Cette orientation est partagée par Rahim Adou Alimi Assimou, coordonnateur national du programme Waca, qui insiste sur la nécessité d’une réponse intégrée aux politiques locales, fondée sur la participation active des collectivités, des communautés et des partenaires techniques.

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Plus qu’un simple projet d’assainissement, cette initiative pourrait devenir un modèle pour d’autres villes africaines confrontées aux mêmes enjeux. En misant sur une combinaison de diagnostics ciblés, d’interventions multisectorielles et de mobilisation citoyenne, Lomé esquisse les contours d’une politique d’hygiène urbaine durable et adaptée à ses réalités.

 

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