Plusieurs institutions internationales et présidents plaident en faveur de l’annulation des dettes de l’Afrique. Le président français, Emmanuel Macron a également souhaité « l’annulation massive des dettes des pays africains ». Annulation ou désendettement, le sujet fait objet de débats sur les réseaux sociaux. La question est de savoir à qui le désendettement de l’Afrique profite réellement.
L’encours de la dette publique africaine représentait 1 330 milliards de dollars en 2019 ou encore 1 060 dollars par habitant. Il s’inscrit en hausse depuis le début de la décennie 2010. Une forte augmentation qui interpelle. Au regard de l’endettement très élevé des pays africains, des allègements significatifs de dette publique lui ont été accordés dans les années 2000 et 2010. Malgré tout, l’Afrique demeure un continent très endetté, souligne Financial Afrik. Le site d’information économique précise qu’après « chaque période d’annulation ou d’allègement partiel de la dette des pays africains, on a l’impression de se retrouver au même point de départ ».
Le cas Congo
Selon Financial Afrik, les pays qui ont bénéficié du processus de désendettement se retrouvent, quelques années plus tard, surendettés comme c’est le cas du Congo et du Mozambique. Malgré que la dette du Congo ait été effacée entre 2009 et 2010, il se retrouve en 2020 avec une dette de plus de 120% de son PIB. La dette publique de la République du Congo oscille autour de 12,5 milliards de dollars. Dans le cadre bilatéral, le pays ne doit pas à la France plus de 11% de sa dette. La part de sa dette qui pose problème est celle qu’il doit à la Chine, des traders pétroliers, des banques privées et des obligations. Les prévisions budgétaires des charges de trésorerie pour 2020 sont fixées à 1 045 milliards FCFA dont 601 milliards pour cette partie-ci de la dette. Le Congo n’a pas les moyens de faire face à de tels engagements, rassure les spécialistes.
Tant que la Chine et les traders ne réduiront pas leurs créances, le Congo ne pourra pas à court et moyen terme s’en sortir malgré l’annulation massive annoncée par le chef de l’Etat français en faveur des pays africains. Le Congo n’est pas le seul pays qui vit sous le seuil de l’endettement. A la fin de juin 2019, la dette extérieure de la Côte d’Ivoire s’est élevée à 8 063 milliards FCFA contre 7 613,4 milliards FCFA à fin décembre 2018.
La dette, un moyen d’asservir davantage les pays endettés
L’annulation de dettes dont parle depuis peu certains hommes d’Etat reste un sujet à éclaircir. Et comme constaté par Financial Afrik, « la dette est le moyen classique ‘’d’asservir davantage” les pays endettés, en ajoutant un nœud supplémentaire au nœud existant autour de leur cou ».
Parfois, on annule une partie de la dette (capital) sans toucher aux intérêts. Très souvent, le bailleur est juste préoccupé à soigner son image. Et là, des détails manquent. Des experts et observateurs africains les plus avertis y compris les tenants du système financier des pays occidentaux et asiatiques savent que l’annulation de la dette de l’Afrique n’est pas vraiment un grand profit pour le continent.
A quoi servira alors le désendettement ?
A cette question, Financial Afrik répond : « le désendettement servira d’abord à déresponsabiliser certaines élites politiques ayant endetté leur pays à des fins de corruption et d’enrichissement personnel ».
L’Afrique est riche de ses hommes et femmes, une réalité que plusieurs africains dont les dirigeants n’ont pas encore cerné. Parce que selon Financial Afik, « on n’a pas cesser de nous asséner que nous sommes pauvres, sous-développés, qu’on nous aide, on a fini par le croire et on arrête pas de tendre la main ».