Récépissé N° 0010 / HAAC / 12-2020 / pl / P

Afrique de l’Ouest : l’Institut Pasteur mise sur la surveillance épidémique grâce au réseau 4S

En Afrique de l’Ouest, la vigilance sanitaire est un impératif. Les épidémies se succèdent, les résistances microbiennes progressent et les frontières ne protègent plus. C’est dans ce contexte que Lomé accueille du 01er au 03 décembre, la première revue annuelle du réseau 4S (Surveillance Syndromique, Sentinelle et de Séquençage), un dispositif régional né pour détecter et répondre de manière précoce aux principales menaces épidémiques. Un rendez-vous stratégique, mais surtout le reflet d’un engagement scientifique croissant de l’Institut Pasteur de Dakar.

Depuis 2023, l’institution joue un rôle moteur dans la mise en place du Réseau Intégré de la Surveillance et du Laboratoire, en collaboration avec les ministères de la Santé, l’OOAS, Africa CDC et l’appui des partenaires techniques. Le programme couvre aujourd’hui 11 pays. Il structure une réponse commune face aux virus respiratoires, arboviroses et fièvres hémorragiques. L’ambition est de produire des données fiables en vue d’anticiper d’éventuelles épidémies.

Pour le Dr Yakhya Dieye, responsable du pôle microbiologie de l’Institut Pasteur, cette mobilisation est vitale. « La recherche aux antimicrobiens est un problème mondial de santé publique qui touche en particulier les pays en développement et bien évidemment les pays d’Afrique subsaharienne», indique-t-il. « Au nom de l’Institut Pasteur, nous avons conçu un programme qu’on appelle Évaluation Extrême de la Qualité de la Rame. Ce programme sert à évaluer nos laboratoires de microbiologie et surtout à les accompagner de sorte qu’ils puissent identifier correctement et caractériser correctement les microbes qui sont résistants aux antimicrobiens », a rappelé Dr Yakhya Dieye. Il a ajouté que cette démarche « guide les cliniciens à avoir le bon traitement et réduire le fardeau de la résistance aux antimicrobiens dans notre région ».

La table d’honneur lors de la Revue de Lomé

L’Institut Pasteur ne se contente pas d’alerter. Il intervient dans la formation, l’évaluation externe de la qualité, le renforcement des capacités, l’harmonisation des méthodes : un travail patient, méthodique, structurel. Durant la COVID-19 déjà, le réseau Pasteur avait formé plusieurs pays à la détection rapide du virus. Aujourd’hui, son action s’étend aux systèmes d’alerte, au diagnostic, au transport des échantillons et à la qualité des laboratoires, souvent défaillante.

Dr Yakhya Dieye

Cette revue annuelle devient alors le cœur d’un dispositif régional. Elle permet de partager les performances, analyser les capacités des laboratoires, examiner la nouvelle plateforme de données WALIP et élaborer un plan d’action commun. « Sans données, nous ne pouvons pas prendre des décisions », rappelle le représentant du ministère togolais, Professeur Mounerou Salou.

Les participants à la Revue de Lomé

L’enjeu dépasse la technique. Il s’agit de bâtir une architecture sanitaire solide, capable d’anticiper les prochaines crises. « On va réfléchir ensemble… apporter des éléments à nos décideurs », promet le Dr Dieye. La réunion de Lomé ne servira donc pas seulement partagé des résultats. Elle va concrétiser l’ambition de bâtir une région plus résiliente, mieux préparée et scientifiquement armée.

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