Au vu des derniers développements de l’actualité sociopolitique dans notre pays, il est légitime et légal que l’on se pose la question. Dieu a-t-il un choix à faire entre les candidats à l’élection présidentielle de 2020 ? Et quel sera ce choix ?
Les Togolais sont très croyants, mais le Togo reste un pays laïc. Cela veut dire que plusieurs religions se côtoient dans la paix et ce depuis des années. Liberté de conscience oblige. Il est vrai que le fait religieux est un problème social qu’il faut résoudre avec la prolifération anarchique de lieux de culte sans aucune autorisation. Mais là n’est pas le débat.
Alors que les Togolais de tous bords politiques s’apprêtent à battre campagne pour leurs candidats, l’on nous soumet à une scène peu ordinaire. Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro lors d’une messe qu’il a lui-même célébrée à la paroisse Saint Kizito de Tokoin Doumassesse, investi Agbeyomé Messan Kodjo, candidat du MPDD, par ailleurs candidat unique de l’opposition choisi par le prélat.
Alors, l’on se demande si cet acte signifie que le choix de Dieu est porté sur Agbéyomé Kodjo. Doit-on déduire de cet acte qu’au sein de l’église catholique chaque évêque peut célébrer une messe en faveur d’un candidat ? Ce choix engage-t-il toute l’église ? Que diront alors les musulmans ? Les Protestants ? Les Baptistes ? Les religions traditionnelles, etc… ? Peuvent-ils eux aussi investir leurs candidats ? Quel sera alors le choix de Dieu dans cette confusion ?
La religion chez elle, l’Etat chez lui ! Revient-il, en toute bonne logique, à un prêtre, à un rabbin, à un imam, ou encore à un pasteur d’organiser l’investiture d’un candidat à l’élection présidentielle, appelé à être le président de la République laïque ?
Bon Dieu ! « Saint Kpodzro » comprendra-t-il que ceux-là, qui, bien de siècles plutôt avaient posé les jalons de la loi de séparation des Églises et de l’État, ont travaillé pour le bien de l’Eglise elle-même ?