Récépissé N° 0010 / HAAC / 12-2020 / pl / P

Un Éthiopien convertit les os de bovins en freins automobiles

Alors que beaucoup considèrent les os de bovins comme de simples déchets, il y voit une aubaine. Il a su faire de cette matière première une entreprise prospère, créatrice d’emplois, qui stimule l’économie circulaire tout en préservant l’environnement.

À Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, les projets innovants en économie circulaire éclosent à foison. Parmi eux, celui de Behailu Seboka attire l’attention pour son caractère inédit et insolite. À 29 ans, cet ingénieur en mécanique récupère les os de bovins dans les abattoirs de la capitale pour les transformer en plaquettes de frein automobile, une solution à la fois économique et écologique.

Pour fabriquer ces freins, il mélange plus de 50 pour cent d’os broyés à de la céramique et du caoutchouc issu de pneus usagés, le tout fixé sur des métaux récupérés auprès de garages. Ce procédé permet non seulement de valoriser des déchets, mais aussi de réduire l’empreinte environnementale de la production automobile. D’une simple idée qui a germé sur les bancs de l’université, le projet de Behailu est devenu aujourd’hui une entreprise florissante qui emploie plus de 260 personnes et compte plus de 6000 clients, connue sous le nom de « Askema Engineering ».

« L’idée est née durant mes recherches de fin d’études en génie mécanique. J’ai découvert que les os possédaient une résistance exceptionnelle, comparable à celle de certains matériaux industriels, tout en étant plus sains », explique l’Éthiopien dans un entretien accordé à la dpa. « Les os se présentent comme une alternative à certains matériaux dangereux comme l’amiante qui reste toxique et responsable de maladies respiratoires graves telles que le cancer du poumon », ajoute-t-il.

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Le succès au rendez-vous

Après trois d’activités seulement, l’entreprise détient environ 30 pour cent du marché des freins automobiles en Éthiopie, selon Behailu. Elle ambitionne désormais d’étendre sa production à d’autres secteurs comme les tracteurs, les machines industrielles et les éoliennes. « Nous avons commencé à exporter vers le Soudan du Sud, et nous espérons bientôt élargir notre présence sur le marché africain », s’enthousiasme le promoteur d’Askema Engineering.

L’entrepreneur est aujourd’hui fier de pouvoir apporter sa pierre à l’édifice de l’économie circulaire dans son pays. Il espère que d’autres jeunes de sa génération lui emboîtent le pas. En 2024, l’Éthiopie a entamé l’élaboration d’une feuille de route nationale pour l’économie circulaire, avec le soutien de la Banque africaine de développement (BAD).

Financée par le Fonds pour l’économie circulaire en Afrique (ACEF) relevant de la BAD et mise en œuvre en collaboration avec l’Alliance pour l’économie circulaire en Afrique (ACEA), cette feuille de route cible différents secteurs comme la construction, l’industrie manufacturière, l’agriculture et la gestion des déchets. Sa mise en œuvre permettra de préserver les ressources, de réduire la pollution, de créer des emplois verts et de stimuler la croissance économique.

dpa

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