Il s’agit du premier lâcher en Afrique de moustiques mâles, porteurs d’un gène modifié, qui donnent une progéniture condamnée à la mort avant l’âge adulte.
Djibouti a effectué un premier lâcher de moustiques génétiquement modifiés pour lutter contre le paludisme en tentant d’enrayer l’Anopheles stephensi, un moustique responsable de la transmission de la maladie paludique. Cette technologie biologique consiste à modifier un gène chez le moustique mâle « friendly » (sympathique) qui n’est pas piqueur. Lorsque ce gène est transmis lors de la reproduction, il empêche la progéniture femelle de survivre jusqu’à l’âge adulte.
La technologie a été mise au point par Oxitec, le développeur de solutions biologiques de l’université d’Oxford. Elle est déployée à Djibouti avec le programme Djibouti Friendly Mosquito, un partenariat public-privé entre le Programme national djiboutien de lutte contre le paludisme et l’association Mutualis. Le premier lâcher de moustiques mâles non-piqueurs friendly a été effectué à Ambouli, une communauté de la ville de Djibouti. Il vient en réponse à la hausse spectaculaire du paludisme urbain dans la capitale djiboutienne. En 2012, Djibouti avait pratiquement éliminé le paludisme à l’intérieur de ses frontières, avec seulement 27 cas détectés cette année-là. Au cours des années suivantes, le nombre de cas et de décès a augmenté de manière exponentielle, pour atteindre 73 000 cas en 2020.
L’espèce stephensi, originaire d’Asie, est un moustique urbain qui a déjoué les méthodes traditionnelles de contrôle. Résistant aux insecticides chimiques, « il peut compromettre gravement la lutte contre le paludisme et l’élimination de la maladie en Afrique et en Asie du Sud », selon l’OMS. Jusqu’en 2011, la répartition des cas signalés de stephensi était limitée à certains pays d’Asie du Sud et à certaines régions de la péninsule arabique. Depuis, le vecteur a été collecté à Djibouti en 2012, en Éthiopie et au Soudan en 2016, en Somalie en 2019 et, plus récemment, au Nigeria en 2020.
dpa
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