En plus de la création de vêtements, Iyatan Ornela Ezi forme des jeunes femmes à la confection du batik afin de contribuer à consacrer leur autonomisation financière.
Du haut de ses 21 ans, Iyatan Ornela Ezi est la promotrice d’« Iyatan collection », une ligne de vêtements en pagne, ce célèbre tissu africain en coton offrant une infinité de motifs et d’imprimés aux couleurs chatoyantes. La Togolaise s’est spécialisée dans le batik, une variété de pagne teintée et imprimée à la main. Elle y transpose toutes sortes de formes géométriques inspirées très souvent de la nature.
En proposant une collection de vêtements destinée aussi bien aux femmes qu’aux hommes en y apportant une touche de modernité, Iyatan veut amener ses clients à se vêtir avec des habits portant haut et fort l’identité africaine. Elle souhaite par ailleurs offrir aux Togolais un alternative au pagne industriel qui n’est pas toujours de bonne qualité et de bon goût. « Lorsque j’étais jeune, je n’étais pas une férue de pagne car celui qu’on proposait sur le marché était industriel. Je n’aimais ni ses couleurs ni ses motifs. De plus, il n’était pas forcément de qualité supérieure », indique-t-elle dans un entretien accordé à la dpa.
Lorsque la jeune femme découvre qu’il existe encore des artisans qui confectionnent des pagnes batiks à la main, selon les techniques ancestrales, elle décide de mener des recherches dans ce domaine et de suivre des formations. De fil en aiguille, elle se lance dans cette activité alors qu’elle est encore étudiante en droit privé à l’Université de Lomé. « Quand j’ai commencé à me former en batik, j’ai été aussitôt fascinée par cet univers de couleurs et de motifs. Dès lors, j’ai commencé à teindre des vêtements lorsque je n’avais pas cours. Mes amis étaient séduits par mes créations si bien que les commandes ne cessaient d’affluer. Cette activité m’a permis d’arrondir mes fins de mois et de ne plus dépendre de mes parents », raconte Iyatan.
Après ces balbutiements, la Togolaise donne officiellement vie à ce projet, en 2021. Elle entame son activité dans le garage de ses parents, reconverti en atelier. Peu à peu, elle se fait une place dans le cœur des amoureux du batik et leur offre la possibilité de personnaliser les tissus à leurs goûts. « Je souhaitais permettre à tous les friands du tissu artisanal de pouvoir s’identifier à nos pagnes et à notre enseigne », assure-t-elle.
La jeune femme se déclare aujourd’hui « satisfaite » et « fière » du chemin qu’elle parcouru jusque-là, malgré le fait qu’il soit parsemé d’obstacles notamment liés à la difficulté d’accès à la matière première. « Je parcours 100 kilomètres pour me procurer les tissus qui ne sont pas toujours disponibles en quantités nécessaires. Cela constitue un vrai calvaire avec les moyens de transport dont nous disposons. En moyenne, je dépense 30 pour cent du chiffre d’affaires dans ces déplacements », témoigne-t-elle.
Actuellement, Iyatan est en quête de ressources financières en vue de se doter d’un plus grand atelier où elle peut continuer à s’adonner à son art et former d’autres jeunes femmes à la confection du batik. Son objectif est les aider à avoir une source de revenus stable. Elle projette également d’ouvrir une boutique car, pour l’instant, elle vend ses articles uniquement en ligne ou lors des expositions. En octobre dernier, la promotrice d’Iyatan a reçu le prix de la plus jeune exposante, lors du Marché International de l’Artisanat du Togo (MIATO), une foire célébrant l’artisanat togolais.
Par Marwa Dellagi
dpa
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