La situation géographique de la région en fait une escale pour les quantités croissantes de cocaïne produites en Amérique du Sud et destinées à l’Europe.
Le trafic de drogue dans la région du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) continue d’entraver la sécurité, le développement économique et l’État de droit tout en mettant en péril la santé publique, a prévenu un nouveau rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Selon ce rapport, la faiblesse de l’État de droit facilite l’expansion de l’économie de la drogue, qui peut, à son tour, fournir des ressources financières pour maintenir ou étendre les conflits, ce qui continue d’affaiblir l’État de droit. Le trafic de drogue continue de fournir des ressources financières aux groupes armés de la région, leur permettant de soutenir leur implication dans les conflits, notamment à travers l’achat d’armes, a indiqué le rapport, ajoutant que la corruption et le blanchiment d’argent sont des facteurs majeurs du trafic de drogue.
Les saisies, arrestations et détentions récentes dans la région du Sahel révèlent à quel point le trafic de drogue est facilité par un large éventail d’individus, qui peuvent inclure des membres de l’élite politique, des dirigeants communautaires et des dirigeants de groupes armés. Les trafiquants ont utilisé leurs revenus pour pénétrer dans différents niveaux de l’État, ce qui leur a permis d’éviter les poursuites, a-t-on précisé.
Parallèlement, grâce au blanchiment d’argent, les trafiquants dissimulent leurs produits illicites dans des secteurs en croissance, notamment l’or et l’immobilier, ce qui rend les transactions financières plus difficiles à suivre tout en donnant aux trafiquants un plus grand levier économique et un vernis de légitimité, a-t-on expliqué. La résine de cannabis reste la drogue faisant l’objet d’un trafic international la plus fréquemment saisie dans les pays du Sahel, suivie par la cocaïne et les opioïdes pharmaceutiques. D’après le rapport, la situation géographique de la région en fait une escale naturelle pour les quantités croissantes de cocaïne produites en Amérique du Sud et destinées à l’Europe, qui a connu une augmentation similaire de la demande de cette drogue.
« Les Nations unies espèrent que ce rapport servira de sonnette d’alarme », a ajouté Leonardo Santos Simão, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. « Les États de la région du Sahel – ainsi que la communauté internationale – doivent prendre des mesures urgentes, coordonnées et globales pour démanteler les réseaux de trafic de drogue et donner aux habitants de ces pays l’avenir qu’ils méritent. », a-t-il souligné.
« Le moment est venu d’agir de manière décisive pour perturber les réseaux de trafic de drogue – notamment par le biais de services de prévention et de traitement fondés sur des données probantes, en renforçant les cadres juridiques et en renforçant la coopération internationale au niveau des forces de l’ordre et des poursuites. », a déclaré, pour sa part, Amado Philip de Andrés, représentant régional de l’ONUDC pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
dpa