Face aux nombreuses difficultés rencontrées au cours de la campagne de commercialisation 2022-2023 en cours, les acteurs de la production du soja ont décidé d’exprimer leur ras-le-bol. Les responsables de leur interprofession, ce mercredi 31 mai au siège du Conseil interprofessionnel de la filière soja (CIFS), n’ont pas été épargnés du concert de colère de ces producteurs. Ils étaient en effet plus d’une cinquantaine, et commerçants exportateurs venus des régions économiques du Togo, qui ont répondu à cette manifestation de mécontentement. Pire, ces derniers menacent d’arrêter la production pour la campagne agricole à venir.
Entre autres problèmes exprimés: le refus manifeste d’achat des productions et des semences, humeurs de la Plateforme industrielle d’Adetikope (PIA), grandes quantités de soja encore dans les stocks, indisponibilité d’argent, poursuite des banques et structures de microfinances.
« Nous avons beaucoup de difficultés et nous sommes venus voir le CIFS pour voir dans quelle mesure on va trouver des solutions. Pour la campagne (de commercialisation, Ndlr) de cette année, à ce jour, nous n’avons pas liquidé nos productions, elles sont encore entre les mains des producteurs. On ne comprend pas », lance Ibrahim Lare, Secrétaire Général de la Fédération nationale des coopératives productrices du soja (FNCPS).
« La campagne nous a découragées, surtout nous les femmes. Avec la production de soja, on arrivait à s’en sortir et à s’occuper de nos enfants, surtout leur scolarisation. Voilà que la campagne a été très mauvaise, nos produits n’ont pas été pris comme on le veut. Là où nous sommes, nous sommes découragées, on n’a même plus l’argent pour louer les terres, puisque la terre n’appartient pas à la femme ; on la loue à 25 000 F, on produit et on ne vend pas, nos stocks sont emmagasinés dans nos chambres(…) », s’est lamentée Mme Daloli Mimbouab, productrice.
Porte-voix de circonstance des participants à ce mouvement d’humeur, Novissi Tewou, représentant des producteurs de la région des Plateaux PIA n’en démord pas : « (…) La PIA est arrivée et l’espoir est revenu, parce que nous croyions que nous allions vendre. Mais avec cette campagne 2022-2023, on s’est rendu compte que le rêve n’est pas devenu réalité. Les paysans que nous sommes, nous avons aujourd’hui des quantités importantes de soja en stocks, près de 80 000 tonnes encore dans des magasins et dans des foyers des paysans alors que ces derniers doivent de l’argent aux microfinances (…) Nous ne dormons pas, nous avons des soucis et on est inquiet parce que nous voulons sauvegarder cette filière».
Les responsables du CIFS ont promis d’engager des actions en vue de trouver des solutions.