« Quoi que vous fassiez, Monsieur le Garde des sceaux, le procès du 06 Décembre 2021, si on ose l’appeler procès, restera dans les archives, de la justice, comme un procès politique… » Ainsi, s’exprimait le Professeur Frédéric Joël AIVO dans un courrier qu’il a adressé au Ministre de la justice du Bénin le 08 Mars dernier pour dénoncer ses conditions d’incarcération devenues de plus en plus difficiles et rappeler le caractère politique du procès au cours duquel il a été condamné à dix ans de prison ferme.
L’homme qui vient de passer deux ans derrière les barreaux ce 15 Avril 2023, est Agrégé des facultés et titulaire du droit constitutionnel et expert constitutionnel, il a été enlevé dans la rue le 15 Avril 2021 alors qu’il venait de dispenser Les cours à l’Université d’Abomey –Calavi dans la banlieue de Cotonou par la police politique de Patrice TALON, au lendemain d’une élection controversée à laquelle, il avait été empêché de participer pour défaut de parrainage.
Accusé de blanchiment et de coup de d’Etat, il lança à ses juges au cours dudit procès je cite « Ce sont mes convictions démocratiques qui me valent d’être en prison et d’être poursuivi devant vous »
Faut il le rappeler, Frédéric Joël AIVO fait partie encore de ses rares intellectuels béninois qui ont refusé de se taire devant la destruction programmée de l’édifice démocratique du bénin par le président Patrice TALON qui ne cesse d’afficher son aversion au processus démocratique qui l’a pourtant porté au pouvoir en 2016 en proclamant urbi et orbi que le développement ne saurait s’accommoder de la liberté de presse, d’expression et d’association.
Pendant deux ans, celui que ses compatriotes surnomment le Professeur a, au cours des foras dénommés « le Dialogue itinérant » parcouru monts en vallées pour dénoncer la gouvernance anti sociale de Patrice TALON et raviver la flamme de la démocratie qui semblait s’éteindre peu à peu au pays de Behanzin, de Bio Guera, de Kaba et de Toffa et pour surtout disait-il lui même apaiser le Pays et rassembler les béninois autour des enjeux cruciaux du progrès du bénin.
Conscient de la popularité du constitutionnaliste, et surtout de l’injustice qui lui ai faite, le pouvoir de Cotonou se retrouve dans un dilemme et multiplie les intimidations à l’encontre de son otage politique. Tour à tour des députés de l’opposition ont été empêchés de lui rendre visite, quant à ses enfants et son épouse ils sont obligés tels des chauves-souris de s’agripper sur des barrières métalliques du parloir pour communiquer avec leur papa. Et comme si tout cela ne suffisait pas, l’agence pénitentiaire du Bénin vient de procéder à un vaste mouvement du personnel de la prison civile de Cotonou soupçonné à tort ou à raison de favoritisme vis-à-vis des détenus dont Joël AIVO.
Deux ans après cette arrestation rocambolesque, et ce procès exprès qui n’a duré que le temps d’une journée faute de preuves et qui a vu la condamnation du Professeur AIVO, à dix ans de réclusion criminelle, force est de constater que les béninois restent toujours dubitatifs car convaincus dans leur grande majorité de l’innocence de l’ancien doyen de la faculté de droit de l’Université d’Abomey- Calavi.
Mais contre toute attente le président béninois lui avance la tête baissée, toujours sourd aux appels à la libération des détenus politiques que ne cessent de lancer les béninois, les anciens présidents de la République, les Chefs d’Etat étrangers dans le cadre d’une vraie réconciliation nationale suite aux malheureux évènements qui ont endeuillé le bénin en 2019 et 2021 consécutivement aux élections législatives et présidentielles.
A un problème politique, une solution, politique. Les manœuvres tendant à conditionner les prisonniers politiques en leur demandant de solliciter auprès du Chef de l’Etat une suspension de leurs peines conformément au nouveau code pénal modifié sont contre productives en ce sens qu’elles violent la constitution du Bénin et ne sont pas de nature à apaiser le pays. En continuant de maintenir Joël AIVO dans les liens de la détention, Patrice TALON est entrain de fabriquer un leader et comme lui-même aime à le rappeler « ils ont voulu écarter un homme politique. Ils ont créé un homme d’Etat ». Le bénin de demain pourra donc compter sur le Professeur Frédéric Joël AIVO.
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