C’est sous un ciel ghanéen clément que, ce 3 juillet, l’ensemble des Chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), a déclaré que le Mali méritait de se voir offrir la place qui était la sienne au sein de la Communauté.
À l’issue, en effet, du 61è sommet ordinaire de la CEDEAO, le président Nana Akufo-Addo qui vient de passer le témoin de la présidence tournante de l’organisation sous-régionale au Gambien Umaro Sissoco Embalo, ainsi que tous ses pairs ont ouvertement soutenu le retour en grâce du Mali au sein de l’Union. Une réussite symbolique pour Faure Gnassingbé, le président togolais, tant cette levée de sanctions contre le Mali du Colonel Assimi Goïta n’était pas gagnée d’avance. Car certains adeptes de la ligne dure n’avaient jamais baissé la garde.
Mais, le chef de l’Etat togolais et son vrai complice dans dossier, son ministre des Affaires des étrangères, l’increvable Robert Dussey n’auront rien ménagé. Celui-là même qui rassurait, début mai dernier à Lomé, une délégation malienne conduite par le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, venue solliciter le soutien du Togo, en ces termes : « Soyez rassurés, le Togo pays de dialogue est toujours disposé à aider les pays frères à trouver la voie de la paix et de la stabilité ».
Désormais « C’est acté ! Nous avons décidé de lever les sanctions économiques et financières contre le Mali », rapportait hier dimanche l’AFP en citant un participant au sommet de la Cédéao sous couvert de l’anonymat.
L’engagement du président togolais dans ce dossier, plus qu’une patate chaude, depuis le début de la crise a longtemps suscité des questionnements et des interprétations dans les médias et l’opinion en Afrique. Mais, le ton a changé et est devenu unanime autour du soutien togolais quand dans toute l’Afrique et au-delà bien de gens se posaient la question de l’opportunité, de la pertinence et de la justification de ces sanctions contre le Mali.
Conscient au départ que le travail était en lui-même titanesque et au regard du parcours qui aboutit aujourd’hui à ce succès diplomatique, certes collégial, mais togolais et malien à bien des égards, la diplomatie togolaise n’en adresse pas moins ainsi un message clair à l’Afrique et au monde quant à l’avenir du Mali, mais à l’avenir de tous les pays africains : il revient aux pays africains de porter à bout de bras leur propre problème dans la perspective d’une recherche permanente de solutions.
La CEDEAO lève ses sanctions contre le Mali. Ce qui va à coup sûr permettre au Mali de pouvoir souffler sur les plans commerciaux et financiers. Toute chose qui étouffait depuis janvier ce pays avec côté une addition salée de sa crise politique et sécuritaire.
Mais, il serait périlleux de croire que le plus dur est derrière le Mali avec cette levée de sanctions. C’est plutôt, le début d’une autre étape non moins difficile. Car, il faudra au Colonel Goita et aux tenants de la transition malienne, conjuguer tact, diplomatie, habileté, intelligence….pour respecter le calendrier qu’ils ont « librement » proposé avec au bout du compte, les élections devant acter le retour des civils au pouvoir. Et tous les regards seront ainsi tournés vers eux…!
Le Directeur de Publication