Depuis quelques semaines les populations font face à une flambée des prix de certaines céréales dont l’incontournable et le vital maïs. En effet, le bol de maïs sur les marchés togolais coûte presque la peau des fesses aux consommateurs d’où leur inquiétude grandissante.
“Nous utilisons le bol en plastique, ce qui fait 1 et demi du bol de Lomé. Le prix du bol en plastique est à 1000F.CFA et en ville, le bol de Lomé se négocie entre 650, 700, 750 voire 800F.CFA “, relate Thérèse, revendeuse de maïs approchée par nos confrères d'”agridigitale”.
Le confrère note que certaines revendeuses de maïs interrogées à la périphérie de Lomé imputent l’envolée des prix du maïs aux coûts d’achats onéreux du bol dans les villages et fermes agricoles de l’intérieur du pays.
D’autres y voient par contre, une spéculation délibérément entretenue par certaines commerçantes véreuses pour se faire davantage de profits.
“Chez nos fournisseurs, nous ne pouvons pas dire qu’il y a rareté, car le maïs est bien là. Seulement, nous avons l’impression que les demandes sont plus importantes que les offres. Cela devient de la concurrence et le vendeur impose son prix”, a-t-elle relaté au confrère.
Dans les enquêtes du confrère il ressort que dans certains marchés, les femmes revendeuses, face à la demande, s’entendent d’un commun accord, pour maintenir le prix à un niveau élevé à la clientèle.
“Si jamais une marchande dans nos rangs vend son maïs à un prix inférieur, elle tombe sur le coup de la sanction”, renseignent-elles.
En effet, outre le maïs, le confrère précise que plusieurs denrées alimentaires de consommation courante connaissent la même tendance haussière sur les différents marchés locaux. Le bol du haricot passe de 1200 à 1500 ou 2000 F.CFA selon le type et la qualité. Le sorgho est à 1000 F.CFA contre 500 ou 400F.CFA auparavant.
Le prix du bol de la farine de manioc (gari), précisément le grand bol communément appelé ‘bol de Tsévié’ ou ‘Tséviégban’ (en langue locale sud-Togo) est à 1200 F.CFA.
Dans les villages de Notsè (90 km de Lomé) notamment dans la préfecture de Haho, le bol utilisé est connu sous le nom de ‘Ablodé-Gbadja’ soit trois voire quatre fois le bol blanc de Lomé. Et ce bol est à 1.100 F.CFA.
Les femmes revendeuses malgré toute leur bonne volonté se disent impuissantes face à la situation et interpellent les pouvoirs publics d’agir sur les leviers pour ramener les prix à l’équilibre.
“Nous dépendons du prix d’achat dans les villages. Si les autorités arrivent à faire fléchir les prix dans les villages, cela va aussi baisser chez nous”, lancent-elles.
Selon les données officielles, la production brute nationale de maïs à la campagne agricole 2020/2021 s’évalue à 885.030 tonnes contre un besoin national de 720.935 tonnes.
Le pays dégage un excédent de 87.522 tonnes. A cela, il faut ajouter les réserves de plus de 6000 tonnes de l’Agence nationale de sécurité alimentaire (ANSAT).
Le porte-parole du gouvernement, Professeur Akodah Ayéwouadan énonce 3 facteurs qui pourraient expliquer cette hausse du prix du maïs.
“Premier facteur. L’année dernière, on a relevé que les surfaces cultivées pour le maïs ont baissé. Le second facteur est qu’il y a quand-même eu une production intéressante et des stocks. Mais malheureusement, il y a eu de la déperdition de stocks, c’est-à-dire que certains de nos compatriotes ont exporté de façon illégale. Un troisième élément est la spéculation que l’on peut rattacher à la pandémie”, a expliqué le ministre de la communication et des médias.
Il rassure que l’ANSAT suit l’évolution de la situation et les dispositions sont en train d’être prise pour injecter ses stocks sur le marché pour ramener les prix du maïs à un niveau raisonnable.
Le directeur général de l’ANSAT, colonel Ouro-Koura Agadazi avait déjà indiqué que si un certain seuil venait à être atteint, le gouvernement donnerait son feu vert pour injecter une partie de ses réserves de sécurité.
En attendant l’injection des réserves, les réflexions pour l’introduction de la métrologie légale sur tous les marchés devraient être accélérées.