Les Etats comme le Togo devront désormais fournir beaucoup plus d’efforts pour protéger les ressources en eau et assurer l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement (ODD 6). Les changements climatiques qui continuent de s’intensifier malgré les appels à l’action, ne faciliteront pas la tâche aux dirigeants. Même les zones qui habituellement ne souffraient pas de stress hydrique, pourraient à l’avenir connaitre des problèmes de rareté des ressources en eau, si des mesures vraiment ambitieuses ne sont pas prises pour atténuer les impacts des changements climatiques et aider les populations à s’y adapter. Malheureusement, le rapport synthèse des Contributions déterminées au niveau national (CDN) produit par le secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ne rassure pas trop.
Il reste neuf ans pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) en général, et l’objectif numéro 6 en particulier. En temps normal, il n’était pas facile pour les gouvernements d’assurer la disponibilité de la ressource en eau pour la totalité de leurs populations. À présent que le réchauffement climatique prend de l’ampleur, il faut sérieusement s’inquiéter…. « Les changements climatiques à la fois touchent et sont touchés par les ressources mondiales en eau. Ils rendent la disponibilité de l’eau moins prévisible et influent sur la qualité de l’eau. En raison des changements climatiques, les événements météorologiques extrêmes sont en augmentation et menacent le développement socioéconomique durable et la biodiversité partout au monde, entrainant de profondes répercussions sur les ressources en eau. En tant que tel, les changements climatiques relèvent les difficultés grandissantes associées à la gestion durable de l’eau. À l’inverse, la manière dont l’eau est gérée influence les moteurs des changements climatiques », écrit l’ancien Premier ministre du Togo, Gilbert Fossoun Houngbo, président d’ONU-Eau et président du Fonds international de développement agricole (Fida), dans l’avant-propos du rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2020, l’eau et les changements climatiques.
Changements climatiques : quels impacts sur les ressources en eau ?
« Les impacts sont multiples : ce sont les sécheresses et les inondations. Les sécheresses empêchent un renouvellement des ressources en eau. En effet, c’est la pluie qui maintient le cycle de l’eau. Or, avec les changements climatiques, les pluies se raréfient. L’autre extrême que sont les inondations entraine des risques de contamination des ressources en eau », précise Flamay Ahiafor, consultant indépendant pour des expertises en matière d’eau et d’assainissement. Selon un document du Centre d’information sur l’eau (Cieau), le Programme des Nations unies pour le développement (Pnue) prévoit des diminutions des précipitations de 5% à 15 % dans la majorité des zones désertiques du globe. 38% de la population mondiale sera exposée au stress hydrique en 2025 contre 9% en 2008. Le Togo n’est pas un pays désertique, mais, est logé entre la zone désertique et l’océan. La vulnérabilité en matière d’accès à l’eau est plus importante dans la partie septentrionale du pays.
Toujours, en ce qui concerne l’impact des changements climatiques sur les ressources en eau, Flamay Ahiafor ajoute qu’« au niveau des océans, il y a une augmentation du niveau des mers, avec ses conséquences sur la côte et les populations ». Mais, faut-il rester bras-croisés pour se plaindre après ? « La société civile, l’Etat et les partenaires agissent chacun selon ses capacités. Des actions sont menées pour prévenir les risques d’inondations et protéger les ressources », poursuit Flamay Ahiafor. Ce sont par exemple des ouvrages adaptés à la situation. Les solutions fondées sur la nature sont aussi très sollicitées. « D’autres mesures d’adaptation comme le reboisement permettent de rendre disponible les pluies », assure le jeune spécialiste. Il ne faudrait pas passer sous silence les actions menées par l’Agence nationale de la protection civile (ANPC) du Togo.
Le financement fait cruellement défaut
« Le problème qui se pose aujourd’hui, c’est la non disponibilité suffisante des fonds pour faire face à cet enjeu », déplore monsieur Flamay. Les niveaux de financement actuels sont insuffisants pour atteindre l’objectif de la communauté internationale relatif à la disponibilité universelle et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement. Les promoteurs des projets relatifs à l’eau pourraient viser à augmenter la part de l’eau dans le financement pour le climat et mettre en lumière les liens entre l’eau et les autres secteurs liés au climat pour garantir un meilleur financement de la gestion de l’eau.
« L’accès au financement de projets liés au climat peut être compétitif et difficile, surtout lorsqu’il s’agit de projets sur l’eau qui sont complexes et transfrontaliers. Les projets liés au climat susceptibles d’être financés sont ceux qui sont clairement articulés entre les effets des changements climatiques, sont familiers avec les procédures de financement et les observent strictement et, parfois, disposent de sources de financement complémentaires. Pour qu’ils soient considérés aptes à recevoir un financement, les projets doivent aborder les causes et/ou les conséquences des changements climatiques de manière explicite. Les projets qui transmettent et abordent les risques et qui, également, reflètent les avantages connexes dans d’autres domaines, tels que la santé, sont également considérés aptes à recevoir un soutien financier », recommande le rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2020, l’eau et les changements climatiques, page 20-21.
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