Les plafonds des tarifs applicables par les opérateurs de communications électroniques mobiles pour l’accès des prestataires de services par codes USSD ont fait l’objet d’une baisse drastique. C’est ce qu’a annoncé l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP) dans un communiqué en date du 10 décembre 2020. Pourquoi c’est une bonne nouvelle pour les PME, start-ups et fintech ? Analyse et décryptage.
La technologie USSD, qu’est-ce-que c’est ?
La technologie USSD (« Unstructured Supplementary Service Data ») est une fonctionnalité et un protocole des réseaux téléphoniques mobiles GSM, 3G et 4G qui permet de déclencher un service par envoi d’un message. En pratique, l’utilisateur envoie un code qui le connecte en temps réel à un opérateur téléphonique pour échanger des données. Cette technologie possède de multiples avantages. Elle est simple, ne nécessite pas le recours à une infrastructure lourde ; elle permet d’accéder à un certain nombre de prestations et un panel d’applications web depuis un téléphone basique, sans connexion internet, Data ni même de SMS. C’est ce qui explique son essor, notamment en Afrique où souvent, les populations ne disposent pas de téléphones intelligents (smartphones). Il s’agit donc d’une source d’innovation qui offre une alternative pour « connecter les non-connectés ».
Un véritable outil d’inclusion socio-économique
En ce sens, l’USSD est d’utilité publique et peut être assimilée à un « bien commun » car elle permet d’offrir des services digitaux de masse (banque, assurance, transport, éducation, agriculture, santé…) afin d’améliorer les conditions de vie des populations vulnérables. C’est l’un des gages de réussite de toute politique de développement durable et inclusive. En effet, sans cette technologie USSD, de nombreuses populations n’auraient pas eu accès à certains services à valeur ajoutée, soit à cause de leur éloignement ou soit parce qu’elles ne disposent pas d’un portable approprié ; elles se retrouveraient donc ainsi marginalisées de fait sur des services de base. Ce n’est point sans raison que les bailleurs de fonds ont fait de l’USSD, un de leurs leviers stratégiques de réduction de la pauvreté puisqu’en permettant de « connecter les non-connectés », on est sûr de ne laisser personne sur la touche. Le Togo entend s’inscrire dans cette approche dans un contexte où le social demeure une composante majeure de l’action gouvernementale avec son pendant : l’inclusion financière.
De « mauvais élève », le Togo devient un modèle !
Les tarifs des services liés au canal USSD qui étaient pratiqués au Togo par les deux opérateurs de téléphonie mobile, étaient très élevés en comparaison avec ceux en usage dans la sous-région ouest-africaine. Un tableau comparatif montre, en effet, que le Togo y était classé comme le « mauvais élève » puisque le coût de la session de l’USSD était de 100 FCFA HT, de loin supérieur à ceux de ses voisins qui oscillent, en moyenne, entre 2, 38 FCFA HT (Bénin), 1,75 FCFA HT (Ghana) et 5 FCFA HT (Sénégal). Ce coût élevé d’une technologie dont on a souligné la pertinence en matière de lutte contre la pauvreté, est d’autant plus paradoxal que notre pays ambitionne de s’appuyer sur le digital pour accélérer les mécanismes d’inclusion socio-économique et financière. Au regard de ces enjeux, l’ARCEP a procédé à un alignement tarifaire, en baissant de façon significative le coût de la session USSD qui reviendra désormais, à compter du 1er janvier 2021, à 3 FCFA HT.
En fixant des tarifs plafonds, c’est-à-dire des seuils tarifaires que les opérateurs ne doivent pas dépasser pour la facturation des prestataires des services via ce canal, l’ARCEP ambitionne de vulgariser cette technologie qui, au fil du temps et des usages, s’est démocratisée. Elle devrait voir, en effet, l’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs, relevant principalement de l’écosystème numérique et proposant aux populations, des prestations et des services innovants à des tarifs plus accessibles.
Une véritable aubaine pour les start-ups et les fintech
Les start-ups et les fintech, sont en général, des entreprises créées par des jeunes et développant des solutions innovantes à travers des applications utilisant les technologies du numérique, du mobile, de l’intelligence artificielle etc. afin de fournir aux citoyens des services à valeur ajoutée de façon plus efficace et moins chère. La création d’une start-up exige des investissements relativement lourds, surtout pour les primo-entrepreneurs, qui sont, entre autres, inhérents à la mise en place de la plateforme de services (serveurs, base de données…), aux compétences à mobiliser (RH, profils) et à l’opérationnalisation (via le canal USSD) (1). Souvent, le manque de ressources financières, hypothèque certains projets innovants qui finissent au fonds d’un tiroir alors qu’ils auraient pu faciliter la vie de millions d’individus. A cet égard, l’écosystème digital togolais, par les talents qu’il recèle, a démontré, en diverses circonstances, sa résilience et sa capacité à générer des solutions innovantes.
Ainsi donc, par cette baisse, l’ARCEP entend donner un coup de pouce à ces jeunes entreprises togolaises en les exhortant à s’investir dans ce segment de marché très porteur. Les prix attractifs doivent leur permettre d’accéder aux services liées au canal USSD ; une manière pour l’Autorité de régulation, de les encourager et de les soutenir dans leur aventure entrepreneuriale.
Koffi SAGBO
(1) En dehors du coût de la session, il faut noter également les frais d’accès (250 000 FCFA HT) et de maintenance (150 000 FCFA).