Facebook vient de cadenasser 446 pages, 192 comptes et 96 groupes et pas moins de 200 comptes Instagram. De dénominations diverses, tous avaient pourtant un dénominateur commun : la pratique de la propagande politique et de l’infox sur le continent africain. Un exercice qui réussissait leur si bien qu’ils happaient l’attention et l’admiration de plus de 4 millions d’internautes. Sauf que toutes ces pages administrées par la société de marketing digital « URéputation » appartenant à l’homme d’affaires franco-tunisien Lofti Bel Hadj, faisaient outrage à la charte de Facebook sur les interférences étrangères.
« C’est une enquête rendue publique le week-end dernier par un laboratoire de recherche américain, Digital Forensic Research Lab (DFRLab) qui a mis la puce à l’oreille de Facebook. Ses auteurs y dénoncent les pratiques attribuées de la société tunisienne URéputation, à savoir : créer dans différents pays de prétendus sites d’information locaux pour y diffuser, selon Facebook, un contenu d’abord anodin et « attrayant »…», révèle RFI.
En réalité, ces pseudo-médias locaux qui n’avaient pas de rédaction indépendante, appâtaient d’abord des cibles, en proposant sujets attrayants, comme : le tourisme, les liens avec la diaspora et récemment sur la lutte contre le coronavirus. Ensuite, le ton change en se muant vers la propagande politique, a relevé Facebook dans un communiqué. Le géant américain des réseaux sociaux, déplore surtout que ces pages et groupes, qui touchaient quasiment quatre millions d’internautes au total, ont violé sa charte contre les interférences étrangères.
Sont notamment concernés, selon cette enquête, les sites : Maghreb Info, Guinées Actu, L’Observateur togolais ou encore Le Moronien. Avec des publications favorables, pêle-mêle, toujours selon les auteurs de l’enquête, au président comorien Azali Assoumani, à l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, ou encore du tunisien Nabil Karoui, candidat malheureux à la présidentielle de 2019.
Les auteurs de l’enquête disent avoir établi un lien entre ces sites et les collaborateurs de l’entreprise URéputation, en violation de la charte de Facebook sur les interférences étrangères. Ils soulignent aussi l’absence de « continuité » idéologique qui se dégage du contenu de ces différents sites et estiment que la motivation principale des auteurs semble avoir été « le gain financier ».
Selon une dépêche de l’AFP, la société indexée, UReputation, n’a pas souhaité commenter pour l’instant.