À Londres, le chef de la diplomatie togolaise a porté une voix forte en mémoire des pionniers du panafricanisme et en faveur d’un sursaut de justice historique pour les peuples africains et afrodescendants. C’était à l’occasion du 125e anniversaire de la première conférence panafricaine de 1900.
Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères, a prononcé une allocution remarquée à la SOAS University de Londres. Dans son discours, il a rendu hommage aux figures fondatrices du panafricanisme, telles que W.E.B. Du Bois ou George Padmore, saluant leur combat pour l’unité africaine et la reconnaissance des droits des peuples noirs.
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Le dossier des réparations remis au cœur du débat
Le ministre n’a pas esquivé les questions sensibles. Il a rappelé que les crimes liés à l’esclavage, à la colonisation et à la déportation doivent être reconnus comme des crimes contre l’humanité, voire de génocide. Une position désormais portée au plus haut niveau par l’Union africaine, qui a entériné cette reconnaissance en février dernier à l’initiative du Togo. Robert Dussey a dénoncé l’attitude de certains pays occidentaux qui refusent toujours d’ouvrir un dialogue sincère sur les réparations.
Du symbolique à l’action politique
« Il est temps d’abandonner le déni et le mépris », a lancé le ministre, appelant à transformer les discours commémoratifs en actions concrètes. Selon lui, le processus de justice historique ne pourra avancer qu’à travers un dialogue respectueux, débarrassé des logiques de domination héritées de l’histoire coloniale. Le Togo se positionne comme un catalyseur de cette dynamique, en assumant un rôle moteur sur la scène diplomatique africaine.
Rendez-vous à Lomé pour un tournant décisif
Sous l’impulsion du président Faure Gnassingbé, le pays accueillera en décembre 2025 le 9e Congrès panafricain à Lomé. Placé sous le thème « Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales », cet événement s’annonce comme une étape déterminante pour renforcer la voix du continent sur les enjeux de gouvernance mondiale et pour faire avancer concrètement le dossier des réparations.
La commémoration de Londres n’a pas seulement ravivé le souvenir des luttes passées. Elle a aussi ouvert une perspective claire : celle d’un panafricanisme renouvelé, ancré dans la justice, la souveraineté et la dignité. Lomé entend désormais porter ce flambeau, pour que l’histoire ne soit pas seulement racontée, mais réparée.