Le président de la République togolaise, Faure Gnassingbé est sensible à la période morbide qui prévaut au pays. En témoignent les mesures sociales décrétées depuis le 1er avril : état d’urgence sanitaire, gratuité de l’eau et de l’électricité, création d’un fonds national de solidarité et de relance économique. Pour couronner tout, le programme « Novissi » a été mis en place. Ces efforts corroborent la logique selon laquelle, « quelle que soit l’efficacité de l’approche développée face à la pandémie de covid-19, elle ne fonctionnera pas en Afrique sans protection sociale ».
Le chef de l’Etat togolais n’a pas fini de prendre ses marques pour le nouveau mandat qu’il est obligé, comme ses homologues du monde entier, d’accompagner les citoyens en ce moment de crise. Pour autant, il croit disposer de ressort pour rebondir : « Avec autant de ménages vulnérables à faible revenu et de travailleurs informels, forcer les gens à rester à la maison ne fera que créer une certaine pauvreté ».
C’est pourquoi « les femmes recevront des paiements les plus élevés possibles, car elles sont plus directement impliquées dans l’éducation de l’ensemble du ménage. Les gens ne devraient pas avoir à choisir entre la mort par covid-19 ou par la faim » a-t-il confié à Financial Afrik et sur les réseaux sociaux.
Qu’est-ce qu’il faut faire ?
« Nous devons faire respecter la distance physique, intensifier la réponse de santé publique et renforcer les restrictions de voyage dans nos pays. Mais en même temps, nous devons rapidement mettre en place des programmes sociaux pour protéger des millions de citoyens. Près de 85% des travailleurs africains, qu’il s’agisse de petits agriculteurs, vendeurs de produits alimentaires, de ramasseurs de déchets, opérateurs de transport ou marchands nomades, opèrent dans le secteur. Beaucoup survivent au jour le jour. Limiter leur mouvement signifie qu’ils ne pourront pas mettre de la nourriture sur les tables de leurs familles. Le moyen le plus efficace de venir à leur aide est par virements en espèces » a argué Faure Gnassingbé.
Appel aux partenaires
« Les effets en cascade de la pandémie sur le commerce mondial, combinés à la pression fiscale de l’effort de réponse, signifient que nous ne pouvons pas le faire seuls. Aujourd’hui plus que jamais, le soutien des donateurs internationaux, des partenaires de développement, des philanthropes, des amis de l’Afrique et, surtout, des diasporas nationales peut faire la différence ».
Combat de toute une vie
De fait, « l’objectif est de nous empêcher de perdre tous les gains que nous avons réalisés dans la réduction de la pauvreté et d’atteindre les Objectifs de développement durable de l’Onu (…). La victoire dans la lutte contre le covid-19 sera finalement jugée non seulement par notre capacité à sauver des vies, mais aussi par notre capacité à empêcher des millions de personnes de retomber dans une pauvreté abjecte. Plus qu’un problème de santé, c’est aussi une question de sécurité, compte tenu des risques liés au terrorisme en Afrique de l’Ouest. C’est le combat de toute une vie, et je suis confiant que nous pouvons gagner si nous le combattons ensemble ». Voilà qui est dit.
No matter how effective the developed world’s approach to the Covid-19 pandemic might be in terms of protecting public health, it simply will not work in Africa without social protections.https://t.co/RvsGK5Sn2Q
— Faure Essozimna GNASSINGBÉ (@FEGnassingbe) April 12, 2020