Mobilisation politique à Akassimé : l’opposition a maintenu son meeting malgré une interdiction préalable

La tension politique monte au Togo après la tenue d’un meeting organisé par des partis de l’opposition et des organisations de la société civile à Akassimé, à Lomé. Bien que prévu initialement pour le 23 mars, ce rassemblement avait été interdit par le ministère de l’Administration territoriale, qui invoquait plusieurs manquements aux procédures légales encadrant les rassemblements publics. Le journal en ligne Republic of Togo avait d’ailleurs relayé l’annulation de l’événement en citant les motifs avancés par les autorités. Cependant, l’opposition a défié cette interdiction et maintenu son appel à manifester.

Malgré les restrictions, des centaines de militants et sympathisants ont convergé ce dimanche vers le terrain d’Akassimé pour répondre à l’appel de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), des Forces démocratiques pour la République (FDR) et du Front citoyen Togo Debout (FCTD). Cette mobilisation s’est déroulée sous haute tension, avec la participation de plusieurs figures emblématiques de l’opposition, bien décidées à dénoncer les réformes récentes.

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Contestation de la nouvelle constitution : « Non à la 5e République »

Le meeting visait avant tout à contester la nouvelle constitution adoptée le 19 avril 2024 et promulguée le 6 mai de la même année, qui instaure un régime de type parlementaire. Pour l’opposition, cette réforme est une « mascarade » qui fragilise la démocratie au lieu de la renforcer. Jean-Pierre Fabre, président de l’ANC, n’a pas mâché ses mots en dénonçant un « coup de force institutionnel ». Selon lui, « cette constitution n’a pas été changée dans les normes. Elle a été faite sans la consultation du peuple qui détient la souveraineté. Le régime qu’elle instaure n’est pas un véritable régime parlementaire, car l’un des principes fondamentaux de ce système est la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale. »

Dans la foule, les slogans et pancartes affichaient clairement le rejet de cette nouvelle configuration politique : « non à la 5e République » et « ensemble, disons non à l’autorité illégitime ».

David Dosseh, porte-parole du front citoyen Togo Debout, a également pris la parole pour exhorter les militants à poursuivre une résistance pacifique et maintenir la pression : « nous avons décidé de continuer la lutte pour dire non à cette forfaiture. Nous n’acceptons pas l’inacceptable. Le peuple est debout, et c’est lui qui aura le dernier mot. »

La position du gouvernement : une réforme pour stabiliser le pays

Face aux critiques, le pouvoir en place défend la nouvelle constitution qu’il présente comme un levier de modernisation et de stabilisation du système politique. Selon le ministre de la Réforme du service public, du Travail et du Dialogue social, Gilbert Bawara, cette réforme vise à « dépersonnaliser le pouvoir et les institutions » et à promouvoir davantage d’ouverture politique. Il avait souligné en février dernier, via son compte X, que la 5e République symbolisait l’unité nationale et le dialogue.

Tensions persistantes autour de l’avenir politique du Togo

Cependant, cette vision reste loin de faire consensus. Pour l’opposition, les réformes ont été imposées sans consultation populaire approfondie, ce qui reflète, selon eux, une tentative de confisquer le pouvoir.

Cette mobilisation controversée à Akassimé démontre que le débat sur l’avenir constitutionnel du Togo est loin d’être clos. Entre revendications populaires et réformes institutionnelles, l’équilibre semble difficile à trouver, et les tensions risquent de perdurer si un dialogue approfondi n’est pas amorcé entre les différents acteurs politiques du pays.

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