Zone franche au Togo : 35 ans d’injustices dénoncées par le MMLK

Le Mouvement Martin Luther King tire la sonnette d’alarme. Il exige des réformes immédiates pour mettre fin à « l’exploitation » des travailleurs togolais dans la zone franche.

Ce 17 mars 2025, le Mouvement Martin Luther King (MMLK) a adressé un courrier à la Société d’administration de la zone franche (Sazof). Un cri, ou plutôt un coup de semonce, pour dénoncer « l’aliénation et l’exploitation dont sont victimes nos compatriotes travaillant dans les sociétés de la zone franche depuis maintenant 35 ans ».

Par la voix de son président, le Pasteur Edoh Komi, le MMLK accuse les sociétés de la zone franche, pour la plupart détenues par des expatriés, d’êtres devenues des zones de non-droit, où les règles du travail sont systématiquement bafouées. « En 2009 déjà, le Mouvement Martin Luther King alertait sur cette situation en publiant un rapport intitulé : zone franche ou esclavage des temps modernes ? », rappelle le pasteur. 15 ans plus tard, rien n’a changé ; ou plutôt, la situation semble s’être aggravée.

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Les griefs sont nombreux. Salaires dérisoires « souvent en deçà du SMIG fixé à 52 500 FCFA », contrats précaires, heures supplémentaires non rémunérées… La liste est longue et accablante. « La sécurité et la protection au travail sont négligées, exposant les employés à des accidents dont la prise en charge repose généralement sur eux-mêmes », ajoute Edoh Komi. Pis encore, le droit de grève y est interdit et « toute tentative de contestation est réprimée par des licenciements abusifs ».

Un cas illustre l’ampleur du malaise : la Société nouvelle d’industrie à Gbatope. Selon le MMLK, des travailleurs ayant revendiqué de meilleures conditions de travail ont été passés à tabac par les agents de sécurité. Certains ont fini à l’hôpital de Tsévié.

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Devant ces faits graves, le MMLK parle d’« inaction » de la Sazof et pointe la « complicité » de certains inspecteurs du travail. Il partage son constat en ces termes : « L’impression qui se dégage est que la Sazof se préoccupe davantage de la protection des employeurs que de celle des travailleurs ».

Le mouvement se dit prêt à passer à l’action et menace d’organiser une grande manifestation si les choses restent en l’état. En faisant allusion au chef de l’Etat d’alors, Gnassingbé Eyadema, qui a porté le projet de création de cette Zone, le MMLK estime que « ce n’était certainement pas la vision de l’initiateur du projet, qui voulait offrir un avenir meilleur à la jeunesse ». Trente-cinq ans après la création de la zone franche, l’heure est venue de faire bouger les lignes en faveur des Togolais qui y travaillent.

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