Musique / La fin d’un duo : Amadou s’en est allé

Le mythique duo malien Amadou & Mariam, perd un de ses membres.  Amadou Bagayoko a tiré sa révérence, ce 4 avril à Bamako, à l’âge de 70 ans. Le rideau tombe sur un brillant artiste, une voix du monde, un pionnier aveugle qui a su éclairer la scène musicale internationale.

« Il ressentait une fatigue importante […] Il est décédé dans l’après-midi de façon subite à Bamako », a confié leur manager Yannick Tardy. Le ministre malien de la Culture a exprimé sa « consternation ». Mariam, sa moitié de toujours, vit l’indicible : la perte d’un époux, d’un frère de scène, d’un compagnon d’éternité.

Né à Bamako le 24 octobre 1954, Amadou apprend les percussions à deux ans. Mais c’est la guitare de son oncle qui l’ensorcelle. Adolescent, il s’enivre des riffs de Hendrix et des grooves de Led Zeppelin. Le jeune malien perd la vue, mais jamais la lumière. En 1975, il entre à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako. Il y rencontre Mariam Doumbia. La musique les unit, l’amour les scelle. « Mon amour, ma chérie », chante-t-il, comme une déclaration éternelle.

Leur ascension est lente, patiente, forgée sur les scènes d’Afrique de l’Ouest. Puis vient Dimanche à Bamako, en 2004. Manu Chao à la production, le monde à leurs pieds. Les Victoires de la musique les consacrent. Manu Chao résume en quelques mots ce lien unique : « On sera toujours ensemble… Avec toi partout où tu iras. »

Suivront Welcome to Mali, Folila, des tournées mondiales, une première partie de Coldplay, un concert pour Barack Obama, un duo avec Damon Albarn. Amadou & Mariam deviennent plus qu’un duo : un symbole. De l’Afrique qui rayonne, de l’amour qui persiste, du handicap qui n’empêche rien.

En septembre 2024, ils sortent un best of prémonitoire : La Vie est belle. Lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Paris, ils reprennent Je suis venu te dire que je m’en vais ; comme une révérence.

Amadou s’en est allé, mais sa guitare résonne encore dans les oreilles du monde et dans les ruelles de Bamako. Le silence d’aujourd’hui n’effacera jamais la musique d’hier.

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