L’intelligence artificielle (IA) transforme en profondeur la société et l’économie, faisant de la coopération mondiale, d’un développement technologique inclusif et d’un équilibre entre la gouvernance et le développement des enjeux majeurs. Or, alors que vient de s’achever cette semaine à Paris le Sommet pour l’action sur l’IA, qui s’est focalisé sur l’établissement d’un cadre international inclusif pour la gouvernance de l’IA, cette gouvernance est aujourd’hui fragmentée et des experts internationaux soulignent la nécessité d’une meilleure coordination internationale.
Selon Jano Costard, responsable en Allemagne de l’Agence fédérale pour les innovations de rupture, les gens doivent réfléchir à la manière de se coordonner pour s’assurer que l’IA se développe dans différentes parties du monde et profite à l’humanité.
L’IA existe depuis des décennies, mais son développement n’en est qu’à ses débuts et peut prendre différentes directions. Lu Linhua, professeure de l’Université de Strasbourg, a appelé à des dialogues bilatéraux afin de combler le fossé entre industrie, université et recherche, et de favoriser une synergie entre politiques innovantes et cadre juridique. « Des échanges sont nécessaires entre la Chine et l’Europe sur la régulation de l’IA », a souligné Xie Minxi, fondateur de Concordia AI, ajoutant que les réglementations chinoises sur les deepfakes, les recommandations algorithmiques et l’IA générative étaient à l’avant-garde dans le monde, tandis que l’UE travaille également sur ce sujet.
DEVELOPPER UNE IA PLUS OUVERTE, EQUITABLE ET INCLUSIVE
Les grands modèles open source chinois jouent un rôle déterminant dans la promotion de l’égalité technologique, ce qui a encouragé plus de pays en voie de développement d’innover de façon plus indépendante dans la technologie. D’après M. Xie, la stratégie d’ouverture du code adoptée par des entreprises telles qu’Alibaba renforce la transparence, permettant aux pays en développement d’adapter les modèles à leurs besoins spécifiques. « Deepseek en est un bon exemple (…) Un certain nombre de personnes ont travaillé sur des modèles légers, qui peuvent produire le même type de résultats, mais qui consomment peut-être moins d’énergie.
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Ce qu’a fait Deepseek est excellent de ce point de vue et nous devons être en mesure de le mettre en valeur », a indiqué à Xinhua Aiman Ezzat, directeur général de Capgemini, disant avoir confiance en Deepseek qui est un modèle open source et est plus transparent. Jean-Patrick Bertaud, cofondateur et président de LegOmnia, une plateforme d’intelligence juridique dédiée à l’Afrique francophone, qualifié Deepseek de « réussi » et de « vraiment très encourageant”, car l’Afrique subit des problématiques en matière d’énergie et ne peut pas prendre exemple sur les Etats-Unis qui consomment beaucoup d’énergie.
GOUVERNANCE ET DEVELOPPEMENT : UN EQUILIBRE DYNAMIQUE
En embrassant les avantages apportés par l’IA, on ne peut pas esquiver une réflexion approfondie sur les valeurs humaines et la forme future de la société. Xu Wei, professeur à l’Université Tsinghua, a averti que « ne pas évoluer représente le plus grand risque » et insiste sur la nécessité de trouver un équilibre entre la protection de la vie privée et l’accessibilité offerte par l’IA. Raphael-David Lasseri, président et fondateur d’une société d’IA, Magic LEMP, estime que la régulation doit être conçue en fonction des objectifs sociétaux et appelle à une réflexion approfondie sur les impacts de l’IA sur l’emploi et la structure sociale à long terme.
« Si on arrive à diviser par deux la charge de travail moyenne (avec l’aide de l’IA), vers quoi on va tendre ? Est-ce qu’on va tendre vers une société de la connaissance ? Est-ce qu’on va tendre vers une société de la consommation, du divertissement ? », s’est-il entouré. Le professeur Shen Weixing, également de l’Université Tsinghua, a rappelé que sécurité et développement allaient de pair et que les cadres juridiques devaient éviter toute dérive pour garantir une croissance économique accompagnée d’une de la valeur sociale.
Xinhua