C’est une crise qui devient de plus en plus insoluble au sein de la chambre libérienne des représentants. Face aux divergences, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a dépêché une mission parlementaire de 5 membres pour aller dénouer l’impasse. La mission a échangé avec les différents protagonistes de la crise, du 11 au 16 novembre à Monrovia avec l’objectif de parvenir à un accord à l’amiable entre les parties en conflit. Même si la mission reste optimiste sur l’issue favorable de la crise, pour l’heure, la fumée blanche peine à sortir.
Dans un communiqué de fin de mission, la délégation parlementaire de la Cédeao conduite par la présidente, Mémounatou Ibrahima, a fait le point de la situation. Placée sous le sceau d’une mission de médiation et de diplomatie préventive, la délégation parlementaire a eu plusieurs rencontres. Au rang de ces derniers, la délégation a échangé avec le président de la République libérien Joseph N. Boakari SR., la présidente de la Cour suprême de la République du Libéria, l’Honorable Sie-A-Nyene Gyapay Yuoh. Dans le sens de la résolution de l’impasse politique, la délégation parlementaire a échangé directement avec la présidente pro-tempore du Sénat du Libéria, la sénatrice Nyonblee Karnga-Lawrence, le président de la Chambre des Représentants du Libéria et les membres du Bloc minoritaire, l’Honorable Conseiller J. Fonati Koffa, les membres du Bloc majoritaire de la Chambre des représentants du Libéria et le Conseil national de la société civile libérienne.
La délégation parlementaire a ainsi réussi à réunir les deux parties à la table des négociations. Mais, après plusieurs rounds de discussions sur les points objets de malentendu, pour un règlement à l’amiable, la fumée blanche n’est pas sortie. « La délégation parlementaire constate que les parties n’ont pas été en mesure de parvenir à une conclusion favorable dans le délai imparti à la mission. Toutefois, la délégation parlementaire reste pleinement saisie des enjeux et continue de dialoguer avec les parties afin que le résultat escompté soit atteint », a indiqué le communiqué sanctionnant cette mission.
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La délégation a invité les parties prenantes à cette crise à prendre en compte l’intérêt supérieur du peuple libérien qui leur a confié la responsabilité de siéger en son nom. « Les membres devront veiller à œuvrer ensemble afin d’unifier le pays et de le maintenir sur la voie du développement et du progrès. La délégation parlementaire réitère que la Cédeao ne soutient pas une culture politique qui n’est pas établie ou soutenue par l’État de droit. Elle exhorte donc les parties, qui sont des législateurs, à se conformer pleinement aux dispositions légales du pays », précise le communiqué.
Pour la Cédeao, il est crucial que les protagonistes s’inscrivent dans le cadre juridique consacré par la Constitution libérienne de 1986 et par le Règlement intérieur de la Chambre des représentants en ce qui concerne l’élection et la révocation du président de la Chambre des représentants. Tout en exprimant sa solidarité, la délégation parlementaire soutient les populations libériennes et appelle au calme. Elle reste optimiste du dénouement favorable de la crise.
Cette mission parlementaire de la Cédeao se situe dans le cadre des pouvoirs de médiation délégués au Parlement de l’institution communautaire par l’Acte additionnel. De plus, la nature parlementaire de la crise politique justifie cette mission. Enfin, c’est le président en exercice de la Cédeao, Bola Tinubu, qui a instruit la présidente du Parlement de la Cédeao à mener cette mission de diplomatie parlementaire auprès des autorités et institutions libériennes.
Seule nation non colonisée d’Afrique, le Libéria fondé par des milliers d’anciens esclaves afro-américains et afro-caribéens, a obtenu son indépendance en 1847. Etant l’une des plus anciennes démocraties parlementaires d’Afrique, le Libéria montre une résilience remarquable et des progrès significatifs dans la consolidation de la démocratie au fil des ans. De plus, avec la récente transition pacifique du pouvoir exécutif suite aux élections présidentielles de novembre 2023, le Libéria a prouvé une fois de plus sa maturité politique et son engagement en faveur de l’État de droit.