En rendant compte du lien entre les économies illicites et l’instabilité en Afrique de l’Ouest, les journalistes peuvent aider à comprendre et à traiter les racines des conflits.
Sept journalistes ouest-africains vont bénéficier de bourses pour réaliser des enquêtes approfondies sur les liens entre les économies illicites et les conflits et l’instabilité en Afrique de l’Ouest, et ce, à la faveur d’un programme commandé par le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères.
Ces journalistes seront sélectionnés à l’issue d’un appel à candidature lancé par le « Fonds pour la résilience » relevant de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC). Ce Fonds offre des subventions et un soutien aux individus et aux organisations de la société civile luttant contre les impacts de la gouvernance criminelle et de la violence dans le monde.
Le GI-TOC cherche à ouvrir de nouvelles lignes d’analyse pour apporter des solutions créatives aux défis du crime organisé, et à servir de plate-forme d’échange et de collaboration entre les gouvernements, la société civile, les universitaires, le secteur privé et d’autres acteurs.
Les candidats doivent être des journalistes locaux basés au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Bénin et au Nigeria, avec une compréhension démontrée de l’activité criminelle au sein d’un écosystème de conflit et une connaissance des contextes sociopolitiques locaux. La préférence pourrait être accordée à ceux qui sont basés dans les régions septentrionales des pays ciblés ou qui font rapport dans ces régions.
La bourse consistera en une subvention de 8 000 euros octroyés à chaque candidat retenu, un renforcement des capacités par le biais de mentorats personnalisés et des opportunités de réseautage et de collaboration pour réaliser une enquête approfondie. Les boursiers sélectionnés devraient publier leurs articles dans les médias d’ici au deuxième semestre de 2025.
La bourse s’inscrit dans le cadre d’un programme intitulé « Soutien à l’atténuation des effets déstabilisants de la criminalité transnationale organisée (M-TOC) », porté par la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et commandé par le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères.
Couvrant la période entre 2024 et 2025, ce programme est mis en œuvre par l’agence allemande de coopération internationale (GIZ) et la GI-TOC, une organisation à but non lucratif, fondée en 2013 et basée à Genève.
Le M-TOC combine des réponses de sécurité traditionnelles avec des mesures de résilience axées sur la communauté, éclairées par des recherches de pointe et un journalisme d’investigation sur l’intersection des économies illicites et de l’instabilité.
La situation sécuritaire s’est détériorée dans une grande partie de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel. La région a connu une recrudescence des coups d’État et l’influence croissante des groupes armés non étatiques (GANE), notamment des réseaux criminels, des extrémistes violents et des insurgés.
Ces groupes consolident de plus en plus leur influence territoriale et étendent leurs zones d’opération, financés dans une large mesure par des économies illicites telles que l’extraction illégale d’or, le vol de bétail, le trafic d’armes et les enlèvements, en particulier dans les zones frontalières.
Ces activités alimentent les conflits, suscitent des griefs entre les populations locales et l’État, conduisent au recrutement dans les GANE et compromettent la résolution des conflits.
dpa
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