Tout se passe au Village artisanal de Lomé au Togo où des artisans habiles aux mains fines découpent, polissent et sculptent le cuir aux normes de l’art. Dans le processus de fabrication des chaussures, le choix des matières premières se fait dès la conception du design. Les sacs, aussi bien pour hommes que pour femmes, les ceintures, faits avec du cuir naturel, le plus extraordinaire, des créations faites avec du cuir très sensible et très délicat à travailler. Du luxe aux normes bio et écologique, c’est cela la particularité de la maroquinerie au Togo.
La perpétuation des pratiques :
La maroquinerie s’offre une place de choix au Togo en partie grâce à l’image sacrée du cuir, mais son prestige découle surtout d’un savoir-faire ancestral ou les secrets de fabrication sont transmis des parents aux enfants et même aux petits-enfants. Ce cycle se répète ensuite de générations en générations pour aboutir à des techniques bien maitrisées. Aujourd’hui, les maroquiniers togolais parviennent à créer des modèles inédits en mêlant influences et techniques modernes à la tradition. Ce procédé apporte non seulement plus d’esthétique et de style, mais assure également la pérennité de ce savoir-faire ancestral. D’autre part, les maroquiniers togolais sont guidés inévitablement par la passion qui représente la meilleure des motivations et qui constitue une source d’inspiration non tarissable. Chaque découpe devient alors une question d’art au même titre que l’assemblage et la réalisation des coutures. De plus, cette étape est précédée du choix du cuir en fonction de sa catégorie, de sa teinture et de son niveau de qualité. Le but étant de se démarquer en proposant des pièces uniques, leur confection nécessite avant tout de la créativité. Le travail effectué en amont est donc considérable et la qualité des articles témoigne de ce processus complexe et délicat.
Pour tous les goûts et pour tous les âges :
Depuis la tannerie jusqu’aux stands de ventes ou aux vitrines, le cuir est un matériau incontournable dans la sphère de la mode. La résistance est également l’une de ses vertus naturelles, mais l’on doit sa sublimation à la maroquinerie qui constitue d’ailleurs un domaine en vogue au Togo. Avec des techniques tirées de la tradition, ces maroquiniers font de leurs articles un moyen d’expression culturelle sur un marché presque acquis à leur cause.
Les maroquiniers togolais proposent une large variété de produits tels que des sacs pour femmes et hommes, des portefeuilles, des pochettes ou encore des ceintures. Les cordonniers maroquiniers se chargent également de travailler le cuir pour créer des chaussures. Cependant, la disponibilité de ces objets peut parfois poser problème, car leur confection est principalement réalisée à la main. La production de masse représente donc un défi colossal en l’absence d’un processus industrialisé. Les pièces deviennent ainsi rares, voire des objets de collection qu’il faut se procurer rapidement.
Certains créateurs s’efforcent néanmoins de satisfaire constamment la demande en proposant des articles raffinés et originaux. Ceci étant, ils mettent en place un processus de fabrication minutieux et propose une variété de modèles disponibles en permanence sur les stands. De plus, ils assurent des livraisons vers plusieurs autres points de ventes dans la capitale Lomé ou à l’intérieur du pays, grâce à une politique de proximité efficace.
La nécessité d’en faire une véritable industrie culturelle :
Au Togo, l’amour du cuir résulte clairement d’une longue tradition devenue un symbole culturel. La maroquinerie ne souffre donc pas de la demande dans ce pays très attaché à son histoire. Et même du côté de l’offre, les maroquiniers togolais rivalisent dignement avec les grands designers étrangers en termes de créativité et de qualité.
L’artisanat local se heurte cependant à des problèmes d’approvisionnement en cuir fini, et ce, en raison d’un manque de tanneries aux normes sur le territoire. Mais l’héritage étant bien présent, les maroquiniers en font un atout dans le cadre de leur lutte pour un meilleur positionnement sur le marché. De plus, la fabrication artisanale a l’avantage de garantir l’originalité qui est le critère le plus recherché chez les acheteurs désirant des articles en cuir. Ces objets suscitent par ailleurs de la fierté en raison de leur caractère authentique. La maroquinerie togolaise regorge de créateurs inspirés par la tradition et qui font preuve d’une finesse remarquable. Ils travaillent aussi le tissu et le cuir synthétique. Ils sont toutefois confrontés à des défis de production de masse. Dans le contexte précis du positionnement stratégique du Village artisanal de Lomé, il s’agit d’en tirer le meilleur au service de l’artisanat d’art et de l’entreprenariat dans la dynamique des industries culturelles et créatives au Togo.
Depuis la création du Village artisanal de Lomé en 1979, le secteur de la maroquinerie en son sein est toujours sollicité par les visiteurs et les apprentis. Les visiteurs du Village artisanal du lundi au samedi découvrent non seulement les objets des maroquiniers mais surtout ils les voient à l’œuvre. Ces clients ont la possibilité de faire des commandes des objets personnalisés. Une demi-douzaine de maitres artisans travaillent le cuir et transmettent leur savoir et savoir-faire aux apprentis dans le cadre professionnel du Village artisanal de Lomé situé plus précisément au quartier des Etoiles, sur l’avenue Kléber Dadjo entre la pharmacie des étoiles et l’actuelle SUNU BANQUE.
La maroquinerie reste l’expression créatrice par excellence, le désir de perfection et la rigueur dans le travail de l’artisan du cuir. Tendant vers la perfection dans le processus de création, chaque détail compte. Pour chaque création, l’artisan veille à chaque étape, du choix du cuir, le travail en mont, la finesse de la découpe, le choix des couleurs, jusqu’à la confection. Tout le processus est suivi de bout en bout pour produire une pièce unique au caractère esthétique voulu. John Ruskin disait « l’art est beau quand la main, la tête et le cœur travaillent ensemble ». Les maroquiniers innovent et créent avec le cœur et essayent au mieux de donner de la valeur à l’artisanat togolais.
Adama AYIKOUE,
Gestionnaire de patrimoine culturel
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