Le 29 avril prochain, c’est la date du grand retour de la superstar mondiale Oumou Sangaré sur le label World Circuit pour la sortie de son nouvel album “Timbuktu”. Enregistré aux États-Unis, au Mali et en France, ce disque est une collection étonnante de chansons, fusionnant sa voix et son malien avec des éléments de Blues, de Folk et de Rock. Pour coïncider avec cette annonce, Oumou Sangaré dévoile aujourd’hui la vidéo de la nouvelle chanson “Samara” :
Sangaré est connue dans le monde entier pour sa musique vibrante et puissante, qui contient souvent des messages révolutionnaires sur les droits des femmes, la tradition et la pauvreté́. Depuis la sortie de son premier album “Moussoulou” en 1989, la chanteuse malienne n’a jamais connu de répit. Parmi les jalons de son parcours riche et fructueux figurent certains des enregistrements les plus marquants de l’histoire de la musique ouest-africaine contemporaine : “Ko Sira” en 1993, “Worotan” en 1996 et “Seya” en 2009, ce dernier ayant été́ nommé pour un Grammy Award. Comptant parmi ses nombreux fans Alicia Keys, Aya Nakamura et Beyoncé (qui a samplé le classique “Diaraby Nene” pour son album “Lion King” de 2019), Oumou Sangaré a depuis longtemps franchi les barrières séparant les continents et les styles musicaux.
Timbuktu” est le dernier acte de cette épopée musicale sans équivalent, qui consacre une artiste issue des quartiers pauvres de Bamako, devenue une musicienne de renommée mondiale et une militante ; elle détient les titres prestigieux d’ambassadrice de bonne volonté de l’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, de Commandeur de l’Ordre National du Mali et de Chevalier de la Culture en France).
En mars 2020, peu après le Festival international du Wassoulou (FIWA), un évènement lancé par Oumou en 2016 pour promouvoir sa région natale dans le sud du Mali, l’artiste s’est rendue aux États-Unis. Elle n’avait prévu de rester que quelques semaines, mais le ‘lockdown’ causé par l’épidémie de Covid est arrivé́, d’abord à New York, puis à Baltimore, un endroit où elle s’est rapidement sentie chez elle. “Quelque chose dans cette ville m’a tout de suite attirée. Je m’y sentais tellement bien que j’ai acheté́ une maison !” Une fois installée dans sa nouvelle demeure, elle passe ses journées à écrire des chansons avec l’aide d’un vieil ami, Mamadou Sidibé, qui est le joueur de kamele n’goni (luth traditionnel) d’Oumou Sangare depuis le tout début.
Cette période de réclusion forcée a donné́ naissance à dix des onze chansons de “Timbuktu”. L’album tisse des liens sonores intimes entre les instruments traditionnels d’Afrique de l’Ouest et ceux liés à l’histoire du blues, notamment le kamele n’goni et ses lointains héritiers, le Dobro et la guitare slide. “Depuis 1990, je n’ai jamais eu l’occasion de me couper du monde et de me consacrer exclusivement à la musique”, dit-elle. “Je pense que cela se ressent dans la musique, mais aussi dans les textes qui sont le fruit de tous ces moments où j’ai pu me replier sur moi-même et méditer.”
Les textes d’Oumou Sangare n’ont atteint une telle qualité́ poétique, une telle profondeur. Jamais on ne l’a vue aussi inspirée pour livrer ses pensées sur les mystères indéchiffrables de l’existence, la situation périlleuse que traverse actuellement son pays ou la condition générale de la femme africaine, autant de preuves que malgré́ sa puissance, elle n’a pas renoncé́ à la croyance et aux engagements de ses débuts. Tant de sentiments et d’humeurs nourrissent cet album, de l’introspection de “Degui N’Kelena” à la langueur amoureuse de “Kanou”, en passant par la compassion de “Demissimw”, l’exaspération de “Kêlê Magni” ou la fierté de “Wassulu Don”. Une approche sonore audacieuse, fusionnant le dynamisme des rythmes traditionnels du Wassoulou avec le langage de la musique contemporaine, “Timbuktu” s’annonce comme l’œuvre la plus ambitieuse et la plus aboutie d’une discographie déjà̀ remarquable.
“La musique est en moi”, déclare Oumou. “Sans elle, je ne suis rien, et rien ne peut me l’enlever ! J’ai mis ma vie dans ce disque, toute ma vie – cette vie dans laquelle j’ai connu la faim, l’humiliation de la pauvreté et la peur, et dont je tire aujourd’hui la gloire.”