Le ministre de l’enseignement primaire secondaire et de l’artisanat, Dodzi Kokoroko a pris, il y a quelques jours, la décision d’interdire les cours de répétition payants dans les établissements.
Une décision qui fait grincer des dents aussi bien au niveau des enseignants que des élèves et les parents. L’honorable Gerry Taama a bien voulu apporter son point de vue sur la question et proposer quelques pistes à explorer.
Pour lui, la décision du ministre de supprimer les cours de répétition dans les écoles réglent trois problèmes. Un, faire cesser l’utilisation des salles de classe publiques pour l’intérêt personnel de certaines enseignants. Deux, éviter que les élèves (afin les parents d’élèves) ne paient deux fois pour des cours qui sont supposés être donnés une seule fois. Trois, faire cesser cette pratique honteuse de certains enseignants qui normalisent les cours donnés en répétition au détriment de ceux donnés aux heures officielles. Donc sur papier, c’est une bonne idée.
Mais malheureusement, cinq situations sur le terrain selon l’élu du peuple, vont rendre cette décision difficilement réalisable.
La première et la plus évidente est la pléthore des élèves dans les salles de classe. Avec 80 à 100 élèves dans une classe, même les élèves les plus assidus, les plus éveillés et les plus intelligents ont du mal suivre. Les répétitions deviennent par conséquents obligatoires pour tout parent qui veut assurer un meilleur avenir pour son enfant. La répétition devient une pratique de mise à niveau.
La seconde, l’absence de livres dans les écoles. L’absence de livres fait que l’élève n’a que son cahier pour réviser ses cours. Et être assis à trois dans un banc empêche de bien noter. il n’ya que les répétitions pour rattraper.
La troisième, une culture de la répétition bien ancrée. Les parents togolais sont habitués aux cours de répétition. Il est difficile de convaincre un parent que sans répétition, son enfant va réussir à l’école. Si on supprime la pratique dans les écoles, les parents sont capables de louer des salles privées pour les répétitions et l’état ne pourra rien faire. Dans la sphère du privé, un enseignant est libre de disposer de son temps quand il a fini ses cours.
La quatrième, la précarité des parents. En réalité c’est par manque de moyens que les parents mutualisent pour envoyer les enfants à des répétitions groupées à l’école. Les parents ayant les moyens font répéter leurs enfants à domicile.
Lavcinquième, la précarité des enseignants. Le ministre doit aussi comprendre que les enseignants non titulaires vivent dans une situation de précarité exécrable. Et les cours de répétition sont une soupape de secours pour ces enseignants qui travaillent finalement plus de douze heures par jour, surtout quand il s’agit du primaire. Ils ne le font pas de gaieté de cœur mais par nécessité. Quand vous pensez que des enseignants volontaires sont à 5000 f par trimestre, on ne peut pas les en vouloir d’essayer d’arrondir leur fin du mois.
La solution consiste à mettre beaucoup de ressources dans l’éducation et on y est. Le ministère a obtenu le plus gros budget de l’état cette année. Il faut créer plus de salles de classes pour atteindre des ratios de 30 élèves par classe, recruter des enseignants pour ne plus avoir d’enseignants volontaires, créer des écoles pour absorber les edils, doter les élèves de livres et après, seulement après, on peut sanctionner..
En ce qui concerne l’enseignement privé, autant dire que c’est mission impossible. Si des parents acceptent envoyer leurs enfants faire des cours de répétition dans des établissements privés, il est bien difficile à l’état d’intervenir, alors qu’il n’arrive pas à reguler le secteur, où les enseignants sont payés au lance-pierres, et seulement dans la période de cours.
Sur les efforts demandés aux élèves, pour les curieux, allez seulement vous informer sur le rythme de travail des élèves en Corée du Sud et au Japon. Parfois, pour faire des omelettes, il faut cesser les œufs.