Le Port autonome de Lomé (Pal), travaille résolument pour être un port moderne et incontournable en Afrique sub-saharienne. Seul port en eau profonde en Afrique de l’ouest, pouvant accueillir des navires de 3ème génération et bras de mer des pays de l’hinterland dans la sous-région, il accélère la croissance togolaise, travaille sans relâche autour du développement de ses infrastructures. Toute une batterie d’actions qui devraient faire de lui la principale porte d’entrée en Afrique sub-saharienne, ainsi que l’envisage le Plan nation de développement (2018-2022). Au rang des actions d’envergure qui accompagne sa modernisation, figure la digitalisation. Ce nouveau concept est d’ailleurs au cœur des échanges portuaires en Afrique et dans le monde. Et les autorités ne peinent pas à l’offrir au Pal, ce joyau de l’économie du Togo. Ironie de l’histoire, depuis l’avènement du Covid-19, avec les conditions de travail particulières dues aux mesures imposées par la crise sanitaire, la digitalisation montre tout le côté plaisant de sa médaille. Si le coronavirus impacte difficilement l’activité portuaire, alors la digitalisation se présente comme une bouée de sauvetage. Dossier.
Comment le Togo travaille à la digitalisation de son Port
Basée sur 2 piliers, la digitalisation du Port s’opère via la mise en œuvre d’un système de communauté portuaire adapté aux besoins spécifiques du Port et conforme aux normes internationales permettant des gains importants de temps et d’efficacité grâce à un système centralisé destiné à la collecte/la gestion de données et la digitalisation des processus logistiques. Aussi, elle se manifeste par le déploiement de l’infrastructure nécessaire à la digitalisation du Port (achèvement de l’interconnexion de la fibre optique)
Une pierre, deux coups
« La digitalisation présente le double avantage d’éviter les contacts humains, élément essentiel en ces périodes de crise, et de pallier aux erreurs humaines dans les transmissions de documents entre les administrations », se réjouit le secrétaire général de l’Association de Gestion des Ports de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, (AGPAOC), Jean-Marie Koffi.
Au-delà de la garantie de distanciation physique, la digitalisation reste un moyen efficace de contrôle et de surveillance de toute la plateforme portuaire. D’une certaine manière, l’avantage de la digitalisation saute aux yeux après le drame survenu au port de Beyrouth.
Dans cette vision, le Togo a décidé de créer une commission d’inspection des magasins portuaires de stockage des marchandises dangereuses, suite à ce triste événement survenu au Liban.
Des efforts, qui doivent se concentrer sur la sécurité et la sûreté des installations portuaires par la veille et la surveillance, selon le ministre de la Sécurité, Damehame Yark. Il soutient que cette mesure permettra au Togo de se conformer aux normes du code international des marchandises dangereuses (IMDG).
En mode « Smart »…
Le « Smart Port » tient un rôle majeur dans la Cyber sécurité. Le « Smart Port » présente plusieurs avantages pour un port sur le plan économique, environnemental, social, ou sécuritaire. La transformation digitale d’un port permet l’amélioration de sa compétitivité; l’accroissement de son attractivité; la diminution des nuisances portuaires ; la facilitation et la simplification des procédures administratives ; la réduction des coûts ; la réduction de son empreinte carbone; l’amélioration de son transit-time; l’amélioration de la sécurité au sein du port; de renouer les liens entre le port et les citoyens de la ville-port ; de faire également face aux problématiques liées à la traçabilité des marchandises sur le terminal.
Aujourd’hui avec ce système, au niveau du Pal comme dans les autres ports en Afrique, sont déployées des solutions Smart au niveau des activités composant la chaîne de valeur. Ainsi avec cette technologie, le transport, la manutention et le stockage de la marchandise sont à point et apporte aux activités des solutions Smart. Elle apporte à l’administration portuaire, la maintenance, la sécurité et la Cyber sécurité des ports.
Un Smart Port peut donc être défini comme « un port qui utilise l’automatisation et les technologies nouvelles comme l’intelligence artificielle, le Big Data, l’Internet des objets (IoT), la blockchain, pour améliorer ses performances et sa compétitivité. »
Les défis de modernisation
Ces défis de modernisation, les autorités du Togo l’ont si bien compris, qu’elles ne ménagent aucun investissement. C’est ainsi que grâce aux investissements de Togo Terminal filiale du groupe Bolloré, la construction d’un nouveau quai a permis au Pal d’offrir aujourd’hui simultanément son hospitalité à 3 ou 4 navires de grand tonnage. Le Pal est ainsi au-devant de tous les ports de la sous- région, le plus concurrent et le plus performant.
Avec une profondeur de 14 mètres, le Port de Lomé est également le seul sur la côte d’Afrique occidentale par lequel on peut joindre plusieurs capitales en un seul jour. Un atout de taille dans l’acheminement de frets dans les délais et avec des coûts très compétitifs.
Aussi le Pal, avec la construction de Lomé Container Terminal, d’une darse de 1 050 mètres de longueur de quai et 16,70 mètres de profondeur pour accueillir un terminal à conteneurs a permis de confirmer la modernisation de ce port.
La digitalisation du Port s’inscrit dans la stratégie du Togo de devenir un pôle logistique d’excellence, en améliorant l’efficacité, la compétitivité des prix, la transparence, la sécurité et la qualité des services portuaires (par exemple, une réduction de 25 à 30% du temps de séjour des marchandises au Port)
Fogan Kodjo Adegnon : « c’est l’occasion de devenir un port de transbordement »
L’idée est pour les autorités du pays de doper les recettes douanières et fiscales togolaises, indispensables pour huiler les rouages du financement du développement sur un exercice budgétaire par l’Etat.
Pour le contre-amiral Fogan Kodjo Adegnon, directeur général du Pal, « c’est l’occasion de devenir un port de transbordement car il sera doté d’infrastructures à même de lui permettre d’accueillir de bateaux de lourds tonnages qui ont besoin d’un tirant d’eau important pour accoster ».
« Vague » de digitalisation dans les ports africains
La digitalisation fait des vagues dans des ports d’Afrique. Comme le Togo, plusieurs ont entrepris des démarches en vue de se digitaliser. C’est le cas de l’Afrique du Sud. Son port de Durban (site pilote d’un projet de développement des Smart Ports à l’échelle nationale) a déployé un arsenal de drones (aériens et sous-marins) et de capteurs, non seulement pour surveiller le trafic, mais aussi pour inspecter les infrastructures, examiner les fonds marins, etc., le tout sans jamais interrompre les opérations, nous apprend le site d’information Maritimafrica. Le confrère précise que les ports qui entreprennent une stratégie Smart s’engagent structurellement et à long terme dans la modification de leurs activités. Ces changements sont lourds et souvent complexes à mettre en œuvre. De fait, certains ports développent des initiatives à la marge, des expérimentations alors que d’autres déploient les solutions Smart à grande échelle dans le port et même aux alentours. Ce sont ces derniers que l’on peut qualifier de véritables Smart Ports.
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