Les bruits autour d’un probable détournement de fonds dans l’affaire du pétrole s’amplifient. 500 milliards de francs subtilisés. Au sein de l’opinion publique, c’est l’abasourdissement. La colère populaire aurait tiré la sonnette d’alarme des autorités qui travaillent en coulisse pour tirer l’histoire au clair, si problème, il y en a réellement. Cette réserve est seyante, surtout qu’on est toujours à l’étape des allégations et que la justice ne s’est pas encore saisie du dossier. Qu’à cela ne tienne, le président du groupe parlementaire UFC, Séna Alipui s’est mouillé en qualifiant tout ceci de « pagaille ». En revanche, son homologue du Net, Gerry Taama a une vision beaucoup plus équilibriste.
Depuis l’annonce faite par le journal L’Alternative, la foire au contradictions a été ouverte. Séna Alipui et Gerry Taama ont rejoint le mouvement. Pour le premier, tout ceci n’est qu’une comédie sociopolitique sans soubassement : « Je ne vois rien de tangible, de documenté et de sérieux dans cette affaire. Je vois plutôt un règlement de comptes ».
Déchaînement
Cette déclaration n’a pas été aimée. Le président de la Ligue des consommateurs du Togo (LCT), Emmanuel Sogadji a bondi : « La voix du député Alipui ressemble à celle d’une jeunesse décevante qui cautionne le mal. Il faut qu’Alipui interpelle le coordonnateur du CSFPPP, Fabrice Adjakly au parlement et non dans des bars ou buvettes. Mais quand rien de tout ceci n’est fait et qu’il place des déclarations pareilles, cela prouve comment il est allé au parlement ». Le message est clair.
Taama et Alipui, deux députés si proches, si loin
« La polémique est là et il n’y a aucun moyen de l’éviter. On parle de 500 milliards. C’est une importante somme et donc, oui, je suis interpellé. Je viens de toucher le ministre du Commerce pour qu’il nous explique dans les détails comment se gèrent la commande et la distribution du carburant dans notre pays. Mais attention, beaucoup de personnes confondent une interpellation parlementaire à un procès. Les députés n’ont aucun pouvoir de coercition sur les ministres qui viennent à l’Assemblée nationale », a nuancé le président du Nouvel engagement togolais.
Qui peut secouer le cocotier ?
« La justice. Soit par une auto-saisine du procureur, ou à l’issue d’une plainte contre X. L’exécutif également. Par la commande d’un audit qui peut éventuellement déboucher sur un procès et des condamnations. La société civile. La LCT fait un travail remarquable mais en solitaire. Il faut faire plus de boucan, cela peut débloquer les choses ».
« Un gros délit d’initiés »
Ce que le député Taama a compris de cette histoire, c’est qu’on est en face d’un « plus un gros délit d’initiés, associé à une collusion d’intérêts familiaux (…). D’après ce qu’on m’a expliqué, le délit d’initiés commence dès que l’expert de la CSFPPP se trouve être le père du responsable de la société d’intermédiation. Ceci n’aurait jamais dû arriver ».
Implication des membres du CSFPPP et des ministres
« Je n’ai aucune information sur leur implication. Mais toujours est-il qu’il y’a possibilité qu’ils n’en sachent rien car la gestion des commandes de carburant exige des compétences très poussées et l’Etat s’est longtemps reposé sur la probité de son seul expert national ».
Voilà qui devrait convaincre, une fois encore, les Togolais à attendre un verdict plus officiel et moins tiré sur la corde pour connaître les tenants et les aboutissants. « La patience est un chemin d’or », nous enseignait-on.
Augustin Akey