L’enseignant-chercheur à l’université de Lomé, Koffi Sodokin a analysé dans les colonnes du journal « L’économiste » – dans la parution n°061 du mardi 19 mai – les performances budgétaires au Togo depuis 2010. Que s’est-il passé durant la décennie 2010-2020, au regard du financement public au niveau des prévisions et des réalisations ? Quels en sont les impacts réels et quelles sont les leçons à tirer pour la décennie 2020-2030 ? Réponse.
« Le projet de loi de finances que le gouvernement togolais a présenté à la fin de l’année 2019 suit un cap, celui de la prospérité togolaise amorcée depuis une dizaine d’année. Il se présente comme une perspective qui porte moins sur la dépense publique, la dette, mais sur la création de richesse par les entreprises et sur la valorisation du travail ainsi qu’une mobilisation rationnelle des ressources fiscales ».
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« Le Togo a fait le choix structurel de valoriser le travail et l’esprit entrepreneurial des jeunes afin de permettre à nos entreprises d’être plus profitables pour investir, innover et créer des emplois. Le projet de loi de finances 2020 obéit à une règle à laquelle je crois profondément, qui est celle d’une constance rationnelle dans la progression. Il ne s’agit pas de lancer une révolution fiscale à chaque exercice budgétaire mais de tenir un cap rigoureux et efficient de la gestion des finances publiques. Dès la fin de l’année 2011, le Togo a engagé une transformation structurelle et profonde de son mécanisme de collecte des recettes fiscales avec la fusion des régies de la douane et des impôts pour créer l’Office togolais des recettes (OTR) vers la fin de l’année 2012 » a-t-il reconnu.
Le projet de loi, gestion de l’Etat 2020 maintient le cap
« (…). Je reste convaincu que cette constante et rationnelle progression paie déjà et paiera encore plus dans les années à venir. Il apparaît enfin cohérent, au regard de la volonté du gouvernement de relancer l’activité économique, de réduire la dépense publique et la dette et, surtout, de soutenir l’investissement du secteur privé, domaines dans lesquels le Togo s’est engagé à vite progresser au regard des engagements du Plan national de Développement (PND) portant sur la période 2018-2022 ».
Un budget réaliste sur les 10 dernières années
« Dans une perspective globale, de 546,03 milliards en 2010, les prévisions budgétaires selon les lois de finances rectificatives sont passées à 1430,10 milliards en 2019, soit un taux moyen de progression sur une base annuelle de plus de 14,8%. Pour l’année 2020, le budget de l’Etat gestion 2020 prévoit en recettes et en dépenses un montant de 1463,83 milliards. Il faut remarquer demblée, ici, que sur une période de 10 ans le Togo a réalisé un taux positif de la croissance du PIB réel en moyenne de 5% sur une base annuelle. Ce qui est une performance soutenue et considérable au regard de la période difficile allant de 1990 à 2005 et la période de rétablissement de la confiance globale de 2005 à 2010 ».
Part inestimable du secteur privé
« Les efforts en investissement du secteur privé participent également à la croissance économique. Par exemple dans le cadre du PND, la contribution du secteur privé à la croissance économique est estimée à hauteur de 60% des efforts d’investissement. Au niveau des réalisations, elles sont passées de : (i) en recette pour 357,55 milliards en 2010 à 1152,79 milliards en 2018 et (ii) en dépenses pour 432,94 milliards de FCFA à 1089,28 en 2018 ».